Harcèlement sexuel ? On commence à protéger les victimes...
En République tchèque, c'est une nouveauté. Désormais, le harcèlement sexuel pourra être puni par la loi : les députés viennent d'inclure la clause relative à l'abus d'autorité en matière sexuelle dans le Code du travail. Si le Président Vaclav Klaus signe cette modification, les victimes du harcèlement seront protégées par la loi dès le 1er mars prochain.
A noter quand même que les parlementaires, les juristes, les spécialistes et le public restent divisés sur la question. Le Sénat, par exemple, avait carrément rejeté, en fin d'année, la modification du Code du travail, et les sénateurs n'ont pas mâché leurs mots : Jaroslav Kubera du Parti civique démocrate a refusé, je cite, de "soutenir l'effort des féministes non assouvies...". Les deux principaux arguments des opposants sont les suivants : d'abord, ils s'attendent à une avalanche de plaintes et d'accusations. Et puis, dans le cas du harcèlement, la présomption joue en faveur de la victime et non de l'accusé, qui doit, lui même, prouver son innocence. Difficile, voire impossible, affirment les critiques. Selon les députés, il n'y a rien à craindre : en voulant pointer du doigt les harceleurs, la République tchèque ne fait que suivre l'exemple des pays de l'Union européenne.
Une voix de femme dans une récente édition du quotidien Mlada fronta Dnes, où la journaliste Jana Bendova écrit : "Nous vivons dans un autre monde que les Américains. Là, où une Américaine porte plainte contre un débauché sexiste, une Française flirte et une Tchèque se moque du 'matou' qui la drague." En République tchèque, les hommes ont tendance à ridiculiser le phénomène, et les femmes, dont 45% auraient une expérience avec la sexualisation des rapports de travail, ont souvent honte d'en parler en public, constate Jana Bendova dans son article au titre éloquent : "Avant de mettre la main aux fesses...". Avant de formuler l'espoir que la mentalité des Tchèques, hommes et femmes confondus, évolue, sur ce point.