Hausse du salaire brut mensuel moyen : un bien pour des maux ?
16 722 couronnes, 530 euros : tel est le montant du salaire brut mensuel moyen en République tchèque pour les trois premiers mois de cette année, selon les derniers chiffres rendus publics, ce mardi, par l'Institut tchèque des statistiques. Par rapport à la même période en 2003, il s'agit d'une augmentation de 43 euros, soit près de 9 %. Des chiffres qui placent la République tchèque en tête du peloton des pays d'Europe centrale et orientale, mais qui cachent pourtant mal certaines tendances inquiétantes.
Globalement, le pouvoir d'achat et, avec lui, le niveau de vie des Tchèques augmentent. Au cours de cette dernière année, leur salaire brut mensuel moyen a connu une hausse réelle de 6,4 %, l'inflation n'ayant été que de l'ordre de 2,6 %. Dans l'ensemble, les employés du secteur privé restent privilégiés, 25 euros en moyenne, par rapport à ceux de la sphère publique, et ce malgré la main récemment mise à la poche par l'Etat, les fonctionnaires ayant vu, en effet, leurs salaires augmenter de près de 10 % entre les premiers trimestres 2003 et 2004.
Des statistiques flatteuses qui, si elles laissent, certes, la République tchèque, encore loin derrière son voisin allemand et même la Slovénie, où les rémunérations sont respectivement quatre et deux fois supérieures, n'en font pas moins un des bons élèves des pays satellites de l'ancien bloc communiste. A titre d'exemple, les Slovaques gagnent près de 160 euros de moins par mois que leurs cousins tchèques.
Une tendance à la hausse qui ne concerne toutefois pas tous les salariés Tchèques, puisque les deux tiers d'entre eux perçoivent des salaires inférieurs à 530 euros. En outre, seuls les habitants de la ville de Prague, avec 660 euros, se situent au-dessus de cette moyenne nationale. Une situation que ne peuvent qu'envier toutes les autre régions du pays.
Ce mercredi, lendemain de la publication de ces chiffres, le quotidien économique Hospodarské noviny a réagi en publiant une analyse d'une nouvelle étude de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) selon laquelle la République tchèque vivrait actuellement au-dessus de ses moyens, le niveau des salaires augmentant plus vite que celui de la productivité du travail. Ainsi, en comparaison, là où un Belge produit 37,1 US dollars par heure et un Français 34,5, un Tchèque ne produit que 13,1 US dollars. Une constatation qui fait du pays l'un des cancres européens en la matière, les employés de la fonction publique étant plus particulièrement montrés du doigt. Un défaut que les Tchèques compensent cependant en étant le peuple qui passe le plus de temps sur le lieu de travail de tous les pays de l'OCDE. Ainsi, en 2002, avec un total moyen de 1980 heures, les Tchèques ont consacré un cinquième de temps en plus à leur activité professionnelle que les Hongrois ou les Britanniques, qui font pourtant figure de référence en la matière.Enfin, chez certains analystes, l'augmentation (trop ?) rapide des salaires n'est pas sans soulever des inquiétudes relatives à la hausse de l'inflation et à la perte de la capacité de concurrence de l'économie tchèque. Mais les opinions ne manquant pas de diverger sur la question, seul l'avenir sera en mesure d'apporter de sages réponses.