Holoubkov et Skořice
Cette fois-ci nous allons nous déplacer en Bohême de l’Ouest dans la région de Pilsen, ville connue surtout par sa production d’excellente bière, dans le district de Rokycany où se trouvent deux charmantes communes qui valent la peine d’être visitées : Holoubkov et Skořice. La commune de Holoubkov est située à la limite des monts Brdy et du plateau de Křivoklát, sur la route principale reliant l’est et l’ouest du pays. Au centre de la commune, il y a un joli étang, au nord se trouve le parc protégé de Radeč et au sud celui de Tichoň. Les prés, champs et forêts font de Holoubkov un endroit recherché par les touristes.
Holoubkov surprend par un grand nombre de belles villas dont la plus connue est la « Villa Markov » projetée par le célèbre architecte Jan Kotěra. Au début des années vingt du XXe siècle la commune, dont la fondation date probablement de la seconde moitié du XIVe siècle, est devenue la station estivale préférée des habitants de Pilsen et des Praguois. Malheureusement, l’aspect pittoresque de Holoubkov est enlaidit par des maisons en panneaux préfabriqué construites dans les années soixante-dix et quatre-vingt du XXe siècle. Grâce à un gisement de minerai de fer et à l’exploitation du bois, la commune Holoubkov jouit d’une longue tradition industrielle. A l’origine, il s’agissait surtout de la sidérurgie. D’ailleurs, le premier haut fourneau a été construit au XVIIe siècle. Au cours de la guerre de Trente ans, la ville a été complètement brûlée et n‘a été à nouveau peuplée que vingt ans après le drame. Au XIXe siècle, le domaine est racheté par le baron allemand Henry Bettel Strousberg qui développe la production dans les usines sidérurgiques et fait construire une usine pour fabriquer des wagons de chemins de fer. Mais le baron fait faillite et les usines sont rachetées par son associé Maximilian Hopfengärtner qui axe ses activités sur l’industrie des constructions mécaniques, centrée sur la production des machines-outils. Ce type d’industrie a persisté même après la nationalisation de l’entreprise en 1948 et continue jusqu’à nos jours. Il est à noter que le chemin de fer est arrivé à Holoubkov en 1869, faisant la liaison entre Prague, Pilsen et Brod nad Lesy. Holoubkov est le lieu de naissance de Jiří Dohnal, né le 12 août 1905, acteur renommé surtout dans les années trente et quarante du siècle dernier, et comédien au Théâtre national. Il a fait un apprentissage de serrurier et s’intéressait aux inventions techniques. Il voulait faire des études à l’école professionnelle de Pilsen et devenir constructeur. Le jeune homme rêvait de construire des raffineries de sucre et des ponts en Iran et en Afghanistan. Mais la crise de 1923 lui fit perdre son travail et mis fin à ses projets. Jiří Dohnal commence à s’intéresser au théâtre qui le passionnait déjà enfant. Il commence dans une petite compagnie de théâtre à Rokycany et débute dans son premier film à vingt-huit ans. Son étoile monte très vite, sur l’écran il devient le partenaire des grandes vedettes de cinéma de l’époque telles que Lída Baarová, Zita Kabátová, Hana Vítová ou Věra Ferbasová. C’est un acteur demandé et célèbre. Dans la moitié des années quarante, il tourne toujours des films, mais ils n’ont plus autant de succès que ceux qu’il a tournés au cours de sa jeunesse. L’acteur commence peu à peu à disparaître de l’écran. Après la guerre, il abandonne définitivement la carrière d’acteur et se consacre à la réalisation, la mise en scène et à la gestion. Il est à noter que Jiří Dohnal avait déjà très jeune l’étoffe d’un organisateur qu’il n’a pas utilisé dans le meilleur des termes. Dans les années trente du XXe siècle, il était membre du Front de gauche, du Club antifasciste des artistes dramatiques tchèques et allemands, ainsi que propagateur de l’amitié avec l’Union Soviétique. Après la guerre, il est devenu le cofondateur et le premier directeur du Théâtre réaliste de Zdeněk Nejedlý à Prague. Dans les années 1969-1971, il était chef de la section dramatique au Théâtre national de Prague et haut fonctionnaire de l’Association des artistes dramatiques. Jiří Dohnal est décédé le 9 septembre 1984 Prague.
La seconde charmante commune située dans le district de Rokycany est Skořice ce qui veut dire « cannelle », fondée au XIIIe siècle. Il existe plusieurs versions concernant le nom du village faisant penser à l’odorante épice et on ne saurait vraiment dire d’où vient son origine. Ce furent les seigneurs de Grispek qui apportèrent au XVIe siècle un grand essor au niveau de la sidérurgie, de la meunerie et de la pisciculture. De nombreux étangs existants encore de nos jours furent fondés. A cette époque, il y avait une importante exploitation de charbon de bois. Le bois était transporté deux fois par semaine à Prague dans des paniers en osier. Le bois se brûlait neuf mois dans l’année, donc les charbonniers restaient trois mois sans travail. Pour gagner leur vie, ils voyageaient à travers le monde en jouant de la musique à différentes occasions qui se présentaient. L’extraction de la houille, commencée dans la seconde moitié du XIXe siècle donna du travail à un grand nombre d’habitants, mais après l’épuisement des réserves dans le plus petit bassin houiller de la Bohême en 1904, des centaines de familles restèrent sans ressources. La plupart se déplaça au nord de la Bohême dans la région de Most et le reste se consacra à l’agriculture qui devint le principal moyen de subsistance. D’ailleurs, en 1949, les communistes fondèrent une coopérative agricole qui fut transformée en 1999 en une société par action.
Dans les années 1918-1938, la commune Skořice jouissait d’une importante vie culturelle et sociale organisée par l’Unions de gymnastique Sokol et DTJ. Il s’agissait de bals populaires, spectacles de théâtre et de marionnettes.
Détruite par les ravages de la Seconde Guerre mondiale, la commune fut reconstruite et est devenue un lieu de vacances recherché. En juillet 1999, le président actuel de la République tchèque, Václav Klaus, à l’époque président de la Chambre des députés, a remis au maire de Skořice la confirmation officielle de l’octroie des armoiries et du drapeau de la commune. La cérémonie s’est déroulée au Parlement de la république tchèque.
Et puisque l’on a parlé de Skořice – cannelle - la recette d’aujourd’hui sera aussi à base de cannelle, se seront des crêpes à la cannelle.
Crêpes à la cannelle (skořicové palačinky)
80 g de farine, 1 œuf, 2 tasses de lait, 1 ½ cuillérée d’huile, sel, sucre cristallisé, cannelle en poudre
Il est nécessaire de préparer la pâte 12 heures à l’avance pour qu’elle puisse s’affiner.
Verser la farine dans un récipient.
• Verser le lait en remuant continuellement.
• Lorsque la pâte est bien remuée (elle doit être liquide) ajouter l’œuf et remuer.
• Laisser reposer la pâte et ensuite la remuer.
• Intégrer le sel, le sucre, l’huile et la cannelle (prudence avec le sucre et la cannelle – ne pas exagérer).
• Faire chauffer la poêle à feu doux légèrement enduit d’huile et verser la pâte à l’aide d’une louche.
• Bien répartir sur toute la surface de la poêle et augmenter le feu.
• Secouer la poêle et lorsque la crêpe se décolle, la retourner soit à l’aide d’une spatule ou en la faisant sauter en l’air (mais là il faut être adroit) et la dorer de l’autre côté.
• Déposer les crêpes cuites sur une assiette posée sur une casserole avec de l’eau chaude.
Ce genre de crêpes (palačinky) se mange comme dessert avec de la confiture à la fraise maison. On peut les enrichir avec de la crème chantilly. C’est bon et cela remonte le moral.