« Il a autant de paroles que le cul d'une chèvre a de crottes »
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - « J'aime l'écouter quand il se tait » - « rád ho poslouchám, když mlčí ». Nous espérons, bien entendu, chers auditeurs, que vous préférez nous écouter lorsque nous parlons, mais voilà une expression qui résume très bien le thème de cette nouvelle émission, puisque nous allons découvrir quelques expressions de la langue tchèque relatives aux bavards, aux baratineurs, ou, si vous nous permettez, pour dire les choses comme elles sont, aux grandes gueules. Loin de nous l'idée d'être vulgaire ou grossier, mais le langage familier, populaire, celui que l'on entend dans la rue et les bistrots, fait également partie de ce grand ensemble que constitue une langue. Or, la langue tchèque possédant un certain nombre d'expressions fleuries et hautes en couleurs pour exprimer l'idée que quelqu'un est bavard comme une pie et ferait mieux de se taire, il aurait été dommage de ne pas en présenter quelques-unes...
Autres expressions très jolies pour exprimer l'idée que beaucoup de paroles sont débitées inutilement et ne sont donc pas à retenir : « moc pere a nemá co věšet », soit « il a beaucoup à laver, blanchir, lessiver, mais pas beaucoup à faire pendre », ou encore « ten se najezdí, a přece sedí pořád na jedné židli » - « il voyage beaucoup, mais il est toujours assis à la même place ».
Pour ceux qui parlent pour ne rien dire, les Tchèques diront qu'ils ont « laissé sortir leur gueule en promenade » - « pustit si pusu na špacír ». Dans le même ordre d'idée, la majorité des hommes politiques, qu'ils soient tchèques ou non, étant bien connus pour exceller dans l'art de maîtriser la langue de bois, on pourra également parfois entendre de quelqu'un qu'il « parle comme s'il était en période électorale » - « mluví, jako by bylo před volbama ».
Il existe aussi des gens qui racontent des tas d'histoires sans même savoir de quoi ils parlent. De ceux-là, les Tchèques disent parfois qu'ils « parlent des pommes et ne savent pas ce qu'est un pommier » - « mluví o jablkách a neznají jabloně », ou alors, en les comparant aux pompiers, qu'ils « klaxonnent et ne savent pas où est l'incendie » - « troubí a neví, kde hoří ».
Finalement, une seule expression, sans doute une des plus imagées, pourrait suffire à résumer l'idée que portent en elles toutes les expressions que nous venons de citer, à savoir « má řečí co kozí řiť bobků », soit « il a autant de paroles que le cul d'une chèvre a de crottes ».
Du coup, pour leur demander gentiment de bien vouloir la fermer, de se taire, les Tchèques pourraient faire remarquer à la personne en question qu'elle devrait attention à ce que son nez ne lui tombe dans la gueule - « ať ti nespadne nos do huby », ou encore que quand elle aura enfin fini de parler, elle pourra faire signe - « až se vymluvíš, zamávej ! ».
Voilà, et après avoir raconté suffisamment de bêtises, nous allons nous aussi la refermer tout comme ce « Tchèque du bout de la langue ». En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !