Initiative des étudiants de la faculté du cinéma à Prague pour le soutien de la création cinématographique tchèque

Photo: CTK

Trois pancartes géantes couvrent, depuis jeudi, la façade du palais Lazansky qui abrite la faculté de cinéma à Prague. Il s'agit des portraits caricaturaux du ministre de la Culture Vitezslav Jandak, du président de la République Vaclav Klaus et du chef du Parti civique démocrate Mirek Topolanek, dont les étudiants de la faculté estiment qu'ils sont les principaux responsables du rejet de la loi sur le soutien au cinéma tchèque par la Chambre des députés.

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L'amendement de la loi sur le cinéma tchèque a été rejeté définitivement le 23 mai dernier. Son objectif était de tripler approximativement la somme destinée à soutenir la création cinématographique tchèque, somme qui aurait alors atteint un montant de 220 millions de couronnes par an, un peu plus de 7 millions d'euros. La loi aurait tenu les exploitants des salles de cinéma à verser 2% de leurs recettes au fonds de la cinématographie, tandis que les distributeurs de cassettes vidéo et de DVD et les télévisions auraient versé 3 %.

Le rejet de la loi a déclanché un tollé parmi les cinéastes tchèques qui ont organisé toute une série de protestations. Leur action a été également soutenue par une initiative des étudiants de la faculté du cinéma. Un des représentants de cette initiative, Radovan Sibrt, a expliqué son objectif à Radio Prague :

« Nous non plus ne pensons pas que la loi soit idéale. Au contraire, nous estimons que l'Etat devrait attribuer au cinéma des subventions budgétaires comme il le fait par exemple pour le théâtre et d'autres domaines culturels et ne pas se débarrasser de cette responsabilité. Il doit résoudre lui-même ce problème avec les sujets commerciaux et ne pas abandonner sa solution aux cinéastes. »

Pour dénoncer les principaux responsables du rejet de la loi, les étudiants ont accroché sur la façade de leur faculté les portraits du ministre de la Culture, du président de la République et de Mirek Topolanek, chef du Parti civique démocrate, principale formation de droite sur l'échiquier politique tchèque. Radovan Sibrt :

« Le rôle du Parti civique démocrate est clair, il refuse de soutenir la culture en prétendant que la bonne culture doit se financer elle-même parce qu'elle gagne assez d'argent pour assurer son existence. C'est évidemment insensé dans les conditions européennes. Le président Vaclav Klaus a opposé son veto à la loi en expliquant sa décision avec des arguments superficiels et non fondés. Quant au ministre de la Culture Vitezslav Jandak, son attitude irresponsable à la Chambre des députés au moment où l'on pouvait annuler le veto présidentiel a eu probablement pour effet que la loi a été rejetée. C'est ce qu'on reproche justement à ces trois hommes politiques. »

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Précisons que selon le président Vaclav Klaus, l'industrie cinématographique est une activité commerciale comme les autres et ne doit pas être privilégiée par des subventions budgétaires. Par contre, le ministre de la Culture Vitezslav Jandak se déclare partisan de la loi, qui, d'ailleurs, a vu le jour entre autres grâce à son initiative. Après le rejet, Vitezslav Jandak a manifesté à plusieurs reprises sa profonde déception devant la presse et déploré que les représentants des cinéastes tchèques ne soient pas venus soutenir la loi à la Chambre.

Les trois hommes politiques sont représentés sur la façade en tenue de sport. C'est ainsi que les étudiants désirent attirer l'attention du public sur la répartition des subventions de l'Etat. A leur avis, la République tchèque subventionne généreusement le sport et néglige non seulement le cinéma mais aussi la culture dans son ensemble.