Inondations : les rivières apaisées, il faut désormais nettoyer

Photo: CTK

Après cinq jours d’inondations, les rivières de Bohême retrouvent peu à peu leur lit et le calme qui les caractérise d’ordinaire. La catastrophe qui a fait huit victimes et entraîné l’évacuation de près de 19 000 personnes laisse désormais place à un tardif nettoyage de printemps ainsi qu’à des réparations qui pourraient coûter jusqu’à 800 millions d’euros.

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Dans des villes comme Děčín ou Ustí nad Labem, où les eaux de l’Elbe ont culminé jeudi à plus de dix mètres, atteignant des niveaux très proches de ceux survenus lors de la crue historique d’août 2002, le nettoyage devrait débuter ce week-end. Ailleurs en Bohême, les opérations ont déjà commencé. Jiří Burďuch est le directeur adjoint du Service administratif de la ville de Prague, organisation qui gère la logistique des services de la métropole pragoise et qui met à disposition ses entrepôts pour les agents chargés du nettoyage et de la réparation des dégâts. Les citoyens tchèques peuvent y faire des dons matériels ou s’y engager en tant que bénévoles. On écoute Jiří Burďuch :

« Le besoin le plus pressant, en tous cas selon le directeur du service d’assainissement de la ville que j’ai eu au téléphone ce vendredi matin, ce sont les pelles. Nous en avons actuellement un nombre insuffisant. Si les gens peuvent et ont la volonté de nous apporter quelque chose, cela devrait être en priorité ces pelles. Qu’ils les apportent dans la mesure de leurs moyens, nous allons en avoir besoin au moins de dizaines, de centaines. »

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Différentes organisations telles que la Croix rouge, Člověk v tísni (L’homme dans le besoin) ou encore l’Armée du salut sont mobilisés pour venir en aide aux sinistrés. La solidarité s’exprime également via les réseaux sociaux sur lesquels des bénévoles peuvent se manifester et entrer en relation avec les communes, les associations ou les particuliers, auxquels ils peuvent donner un coup de main. Parmi les besoins impérieux, il y a une demande forte en désinfectants, en savons ou en eau potable – c’est-à-dire en éléments permettant de lutter contre des conditions sanitaires rendues précaires par les inondations. Le ministère de la Santé met en effet en garde contre les risques de maladie, salmonellose, dysenterie, fièvre typhoïde qui peuvent surgir en pareilles occasions. Président de la société tchèque de vaccinologie, Roman Prymula relativise cependant :

« Je dirais qu’il n’y a pas pour l’heure de grand risque. Nous ne nous trouvons pas dans une zone où il y a des maladies tropicales contre lesquelles nous devrions nous protéger. Toutefois, ce genre d’aggravation des conditions hygiéniques présente toujours des menaces d’épidémie, par exemple d’une épidémie d’hépatite A, une hépatite classique favorisée par des conditions sanitaires difficiles. D’autres virus peuvent également profiter de la situation. Mais le risque réel dans notre environnement est faible. »

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Ces inondations pourraient paradoxalement avoir un effet bénéfique sur certains secteurs de l’économie tchèque et notamment dans le bâtiment, secteur d’activité qui devrait voir son carnet de commandes se remplir à la faveur des reconstructions qui s’annoncent. Phénomène sans doute plus éphémère, les mairies recrutent en urgence pour faire face à la situation. Marie Bílková, directrice du Bureau du travail :

« Il y a un intérêt grandissant dans l’embauche de personnes pour aider au nettoyage et à la reconstruction. Nous nous y attendions à partir du moment où le niveau des eaux allait baisser. C’est pourquoi les différents bureaux du travail sont en contact avec les maires depuis le tout début pour évaluer quelles personnes sans emplois pourraient être concernées et pour préparer les contrats. »

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Des pluies et orages doivent encore s’abattre sur le sol de la Bohême : le système hydraulique de barrages sur la Vltava, surnommé ‘cascades de la Vltava’ est censé être prêt à accueillir le surplus d’eau. Après les réparations et l’indemnisation des victimes, il faudra entamer une réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour éviter que de telles crues ne dévastent la République tchèque tous les cinq ans.