Presse : pourquoi vit-on mieux à Prague que dans les autres régions tchèques ?

Prague

Cette nouvelle revue de presse revient d’abord sur certaines réactions qui ont fait suite à l’annonce du portefeuille des Partenariats internationaux attribué au prochain commissaire européen pour la Tchéquie. Elle s’intéresse également aux questions que les inondations de ces derniers jours en Tchéquie ont soulevées ou encore au classement des régions tchèques en termes de qualité de vie.

« Une grande déception pour la Tchéquie », « une forte humiliation », « Síkela n’est pas le seul à devoir avaler une pilule amère », « Une ‘ruée’ pour trouver un portefeuille économique digne de ce nom ». Tels sont quelques-uns des titres qui ont fleuri dans les médias tchèques après qu’Ursula von der Leyen a annoncé, mardi dernier, que l’actuel ministre tchèque de l’Industrie, Jozef Síkela, serait chargé des Partenariats internationaux au sein de la prochaine Commission européenne. Le site Echo24.cz souligne que jusqu’aux derniers jours, un autre portfeuille était attendu. Selon le magazine Reflex, la Tchéquie a, une fois encore, perdu la bataille des négociations pour un portefeuille économique vraiment important :

Jozef Síkela | Photo: Olivier Hosler,  POOL/EPA/Profimedia

« Il en est ainsi depuis que nous sommes devenus membres de l’Union européenne, il y a vingt ans. Jozef Síkela ne sera pas le commissaire européen chargé de l’énergie ou du commerce comme on le pensait depuis des semaines. Le gouvernement de Petr Fiala et Síkela lui-même ont beau prétendre qu’ils considèrent l’attribution de ce portefeuille comme un succès, notamment parce qu’un politique tchèque va diriger de nombreux fonctionnaires et gérer un budget important, il ne s’agit pas d’une victoire pour autant. Une fois de plus, il s’avère que notre influence au sein des institutions européennes est faible. »

Le journal en ligne Forum24.cz cite, lui, Tomáš Prouza, président de l’Union du commerce et du tourisme, qui estime que ce portefeuille se rapporte aux trois priorités tchèques principales : une économie ouverte, la migration et l’environnement. Il s’agit donc, selon lui, d’une position forte et importante. Une vision des choses que partage le site Seznam Zprávy :

« Le portefeuille de Jozef Síkela est une promotion si on le compare au portefeuille peu gratifiant des Valeurs et de la Transparence qui est celui de Věra Jourová, la commissaire tchèque actuelle. Son travail sera certainement intéressant et stimulant et permettra d’accomplir beaucoup de choses dans le domaine de la diplomatie économique. En outre, Jozef Síkela est bien placé pour cette fonction, notamment en raison de son expérience en tant que banquier. »

« D’un autre côté, il s’agit d’un portefeuille qui ne sert absolument à rien en matière de politique intérieure, la perspective  de résultats concrets dans un proche avenir étant très incertaine », ajoute le commentateur.

Après les inondations, le temps des questions

« Dans quel état les inondations de cette année nous ont-elles trouvés ? Étions-nous préparés ou pas ? ». Telle est la question que beaucoup de médias tchèques ont soulevée ces derniers jours. Mais selon, par exemple, le site Aktualne.cz, la réponse n’est pas facile, même s’il ne fait aucun doute que l’État dans son ensemble était beaucoup mieux préparé que lors des inondations précédentes. L’hebdomadaire Respekt explique ainsi :

Photo: Ľubomír Smatana,  ČRo

« La réaction aux avertissements des experts quant à l’arrivée des conditions météorologiques extrêmes et à la menace d’inondations a été claire et rapide. Les équipes de gestion crise des villes et communes, des régions et de l’État se sont aussitôt réunies. Des barrières contre les inondations ont été construites, des sacs de sable remplis, pendant que la population était avertie. Les pompiers, les policiers et d’autres unités se sont immédiatement joints aux préparatifs. Les médias ont informé le public des menaces et de la manière de s’y préparer. Les météorologues ont expliqué ce qui se passait. Il était évident que personne ne voulait sous-estimer la situation. »

Autant de moments que l’on devrait retenir, selon l’auteur :

« La société tchèque est de plus en plus méfiante, même à l'égard des experts et des faits. Pourtant, il est clair qu’en situation de crise, nous sommes prêts à accepter les informations des professionnels et à agir en conséquence. Construire une société de confiance est donc une tâche de grande importance. »

D’un autre côté, comme l’observe le quotidien Hospodářské noviny, outre une vague d’inondations, c’est aussi une vague de conspirations qui a frappé le pays :

« On a pu voir beaucoup de textes et de vidéos sur les réseaux sociaux dans lesquels divers manipulateurs affirmaient qu’il ne se passait rien de grave, que le gouvernement exagérait afin d’effrayer les gens et de les dominer plus facilement. Leurs auteurs sont généralement les mêmes que ceux qui propageaient les mensonges lors de la pandémie de Covid et sympathisent avec la Russie. »

Le journal constate également que jamais encore, des élections ne se sont tenues au lendemain d’une catastrophe naturelle majeure, comme cela est le cas cette fois avec les élections régionales et le premier tour des sénatoriales, ces 20 et 21 septembre. La question de savoir quel sera l’impact de ces inondations sur leurs résultats est donc, selon lui, particulièrement pertinente.

Dénier le lien entre les inondations et le changement climatique ?

Le journal Deník Referendum s’est intéressé à un autre aspect des événements météorologiques extrêmes de ces derniers jours :

Le lac de Rožmberk | Photo: Luboš Pavlíček,  ČTK

« Comme la Tchéquie, la Roumanie, la Pologne, l’Autriche et l’Allemagne ont elles aussi été frappées par des inondations plus ou moins importantes. Mais leurs réactions  montrent que les Tchèques vivent probablement sur une autre planète. Alors que dans tous les autres pays, on parle de ces inondations dans le contexte de la crise climatique, la Tchéquie semble ne pas être touchée par la réalité. Tandis que leurs représentants placent clairement les inondations tragiques dans le contexte de la crise climatique, le débat tchèque reste comme d’habitude éloigné de la réalité. Seuls les Slovaques peuvent prétendre nous égaler en matière d’ignorance. »

Le journal précise qu’aucun dirigeant tchèque n’a fait de déclaration similaire à celles des hommes politiques étrangers qui ont fait le lien entre les inondations et le déréglement climatique. « C’est peut être par crainte d’être  accusés de faire preuve de trop d’idéologisme que nos politiciens dénient la réalité. Mais en fait, c’est leur politique de l’autruche qui est aveuglément idéologique », leur reproche-t-il.

Prague, le meilleur endroit pour vivre en Tchéquie ?

À la veille des élections régionales, l’hebdomaire Respekt a établi un classement des quatorze régions tchèques en fonction de la qualité de vie qu’elles offrent. Un classement dans lequel Prague, sans surprise, figure tout en haut :

Prague | Photo: Radio Prague Int.

« Il y a probablement pas mal de Tchèques qui ne voudraient pas vivre à Prague. Tous ceux que même une étude approfondie de la qualité de vie ne permet pas de convaincre. Les chiffres qui montrent que les autres régions du pays ont du mal à rivaliser avec la capitale sont pourtant éloquents. En termes d’équipements sanitaires, de pharmacies, d’offre d’emplois ou d’écoles secondaires, Prague occupe la première place. Voilà pourquoi elle apparaît comme le meilleur endroit où vivre en Tchéquie. Grâce à un dense réseau de toutes sortes d’équipements ou à des emplois bien rémunérés, son avance est telle que Prague n’est même pas menacée par des résultats moins bons en matière de qualité de l’air, de prix du logement, de surface d’espaces verts, de criminalité ou encore de temps passé dans les embouteillages. »

Les deux régions que Respekt place tout en bas de ce classement sont celles d’Ústí nad Labem et de Karlovy Vary, dans le nord et l’ouest de la Bohême :

« Ce sont les régions qui ont été les plus affectées par l’expulsion des Allemands tchèques après la Deuxième Guerre mondiale et par le pillage industriel sous le régime communiste. Ce sont aussi des régions qui se distinguent par la beauté de leurs paysages. Mais elles sont mises à genoux par une criminalité et un chômage plus élevés qu’ailleurs, un mauvais environnement, des villes et des villages mal entretenus, le manque de places dans les lycées, ainsi que par une plus faible espérance de vie. »