Inquiétés, les Tchèques ne protestent pas encore

C'est, paradoxalement, en s'immobilisant que l'Europe bouge ces jours-ci. En bloquant les routes dans plusieurs pays du vieux continent, les camionneurs protestent contre les prix exorbitants des carburants. Bien que la République tchèque ne soit pas à l'abri de ce renchérissement, son réseau routier est encore praticable. Jan Uhlir.

En République tchèque, les prix des carburants ont augmenté de presqu'un tiers rien qu'au cours des douze derniers mois. En plus, les prévisions des analystes sont plutôt sombres. La spirale, disent-ils, ne s'est pas encore arrêtée. En attendant son évolution dans les semaines et mois à venir, on enregistre déjà ses effets de plus en plus visibles. Obligés à peser désormais chaque couronne dépensée pour l'achat de l'essence, les familles roulent nettement moins qu'auparavant. Ce qui se reflète, par conséquent, par une baisse des recettes du budget de l'Etat. Davantage inquiétées sont toutefois les compagnies de transport. Surtout celles de moindre grandeur. Comme l'offre dépasse toujours la demande sur ce marché, donc ne pouvant pas augmenter d'une manière adéquate les prix de leurs services, elles sont obligées à porter elles-mêmes les frais élevés. De plus en plus nombreux sont en effet leurs patrons qui commencent à penser au pire - la faillite.

Tôt ou tard, les prix de transport vont influencer inévitablement aussi les prix des autres marchandises. Une avalanche de renchérissements n'est décidément pas à exclure. Inquiétés, les Tchèques ne se joignent pourtant pas aux protestations dont nous sommes les témoins en France, en Belgique ou en Grande-Bretagne. Où en trouver une explication ? D'abord, c'est l'impôt à la consommation, un champ de manoeuvre dans l'Union européenne, qui est, en Tchéquie, plus bas qu'en Europe occidentale. Une éventuelle intervention de l'Etat dans ce domaine serait ainsi moins efficace qu'ailleurs. Les agriculteurs, eux, restent calmes du fait de bénéficier de compensations sous forme de la gazole dite verte. Et les Tchèques moyens s'adaptent à la situation qu'ils n'ont pas la force de changer...

Auteur: Jan Uhlir
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