Interdiction de fumer dans les lieux publics : que stipule la réglementation tchèque ?

Foto: Štěpánka Budková

Depuis lundi, il est interdit de fumer dans tous les lieux publics en Pologne, sauf dans la rue. La Pologne, pays voisin de la République tchèque, est ainsi venue s’ajouter à la liste, de plus en plus longue, des pays européens où la cigarette n’est plus tolérée dans les bars, restaurants, musées, théâtres, stades, gares et autres aéroports. L’entrée en vigueur de cette loi relativement stricte est l’occasion de rappeler où en est la réglementation antitabac en République tchèque.

Photo illustrative: Štěpánka Budková
Depuis janvier 2006, une loi antitabac est appliquée en République tchèque, selon laquelle il est interdit de fumer dans les lieux publics, y compris en plein air aux arrêts de bus ou de tramway et sur les quais des gares. En revanche, seule une interdiction partielle prévaut dans les lieux dits « de convivialité », cafés, restaurants, discothèques ou brasseries dans lesquelles de nombreux Tchèques conservent l’habitude de se rendre régulièrement pour boire de la bière et fumer. Un espace réservé aux non-fumeurs existe certes bien dans la plupart des restaurants, mais la séparation physique avec l’espace fumeur est souvent inexistante.

En juin 2009, pourtant, les députés avaient débattu d’un projet de loi qui prévoyait une interdiction absolue de fumer dans tous les lieux publics, y compris donc dans les lieux de convivialité. Mais la Chambre basse avait adopté une version plus souple, un amendement qui n’avait guère modifié la loi déjà en vigueur et n’avait pas satisfait les partisans de cafés et restaurants non fumeurs.

Photo: Kristýna Maková
Actuellement, il appartient donc uniquement aux propriétaires de décider si leur établissement est fumeur ou non fumeur. Toutefois, conséquence de la nouvelle loi, depuis le 1er juillet dernier, ces mêmes propriétaires sont tenus d’indiquer à l’entrée de leur établissement, au moyen d’un autocollant, si fumer est autorisé ou non à l’intérieur de leurs locaux. Responsable de l’organisation stopkoureni.cz (stopautabac.cz), Lukáš Nádvorník considère cette réglementation comme absurde :

« Cette loi est tout à fait scandaleuse et insuffisante. Nulle part ailleurs en Europe ou dans le monde, il n’existe une réglementation semblable à la nôtre. En République tchèque, la lutte contre le tabac se résume à coller un autocollant à l’entrée du restaurant avec l’inscription ‘fumer est autorisé’ ou ‘espaces fumeurs et non fumeurs’. Pourtant, tout le monde sait que la séparation des espaces fumeurs et non fumeurs se résume le plus souvent à dire que fumer est autorisé à une table et que c’est interdit à la table juste à côté. Ce n’est qu’une vaste blague. »

Photo: Archives de Radio Prague
La majorité des propriétaires des bars et restaurants sont toutefois opposés à une interdiction absolue de fumer. Président de l’association des hôtels et restaurants, Pavel Hlinka explique pourquoi :

« Je suis contre le tout ou rien. Je pense que le propriétaire d’un restaurant, établissement qu’il a financé et qu’il gère, devrait avoir le droit de décider si ses clients peuvent fumer ou non. C’est à lui de décider quel type de clients il souhaite accueillir. Les propriétaires devraient avoir cette liberté de décision, comme les clients ont le droit de décider dans quel type de restaurant ou brasserie ils souhaitent aller ou ne pas aller. »

Selon les statistiques, environ 30 % des adultes tchèques sont des fumeurs réguliers. Mais la majorité des Tchèques, fumeurs et non-fumeurs réunis, sont favorables à l’interdiction de tabac dans les lieux de convivialité, comme l’explique Eva Janušová, étudiante en médecine à Prague. Avec un groupe d’autres étudiants de l’Université Charles, elle a réalisé une enquête auprès de 900 clients de bars et restaurants. Elle en présente un des principaux enseignements :

Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.
« Deux tiers des fumeurs sont contre l’interdiction de fumer dans les restaurants. Inversement deux tiers des non fumeurs ont répondu qu’ils étaient favorables à cette interdiction. Mais ce qui nous a le plus surpris est de trouver un nombre relativement important de non-fumeurs qui sont contre l’interdiction de fumer. Ils estiment que l’instauration d’une telle mesure serait une entrave aux libertés individuelles. Mais là encore, inversement, il y a pas mal de fumeurs qui sont favorables à l’interdiction. »

Une interdiction de fumer qui, quelle que soit l’évolution de la réglementation actuelle, sera, tôt ou tard, de nouveau débattue par le gouvernement.