Jakub Hrůša : « La musique de Janáček me tend la main »

Jakub Hrůša, photo: CTK

Il n’a que 27 ans et pourtant il est, d’ores et déjà, un des chefs d’orchestre tchèques les plus remarquables et les plus remarqués. A partir de la saison 2008/2009 Jakub Hrůša succèdera à Kaspar Zender au poste de directeur musical de la Philharmonie de Prague, orchestre fondé par Jiří Bělohlávek et qui a déjà fait ses preuves au niveau international. Aujourd’hui Jakub Hrůša ainsi que ses deux jeunes collègues, Tomáš Netopil et Tomáš Hanus, représentent un grand espoir de la musique tchèque. Qui sait, peut-être il y a parmi ces trois jeunes hommes de talent un futur Talich ou un futur Ančerl.

Jakub Hrůša peut se vanter d’avoir dirigé les orchestres renommés de plusieurs pays dont le BBC Symphony Orchestra de Londres, le Royal Scottish National Orchestra, le New Japan Philharmonic de Tokyo et l’Orchestre Symphonique de Milan. Directeur musical de la Philharmonie Bohuslav Martinů de Zlín, il collabore régulièrement avec l’Orchestre philharmonique tchèque. Après avoir gagné, en 2005, un concours de l’Orchestre philharmonique de Radio France il est devenu chef associé de cette formation. Il collabore également avec l’Orchestre symphonique de Prague FOK et vient de donner avec cet ensemble deux concerts avec au programme entre autres la rhapsodie Taras Boulba de Leoš Janáček :

Jakub Hrůša,  photo: CTK
« C’est une composition que j’aime particulièrement, qui m’est très proche, avec laquelle je vis, sans exagérer, depuis mon enfance. Déjà à Brno, ma ville natale, elle a été jouée assez fréquemment. Je la recherchais déjà au début de ma carrière de chef d’orchestre et j’ai réussi à l’exécuter cinq ou six fois. C’est donc une oeuvre à laquelle je suis lié par un rapport profond. »

Déjà en 2006 Jakub Hrůša a signé un contrat exclusif avec le label Supraphon pour lequel il a réalisé plusieurs enregistrements et cette collaboration n’en est qu’à ses débuts :

Jakub Hrůša,  photo: CTK
«Je présentais Taras Boulba notamment avec la Philharmonie de Zlín et je crois que c’est une composition qui va très bien à cet orchestre. Maintenant je prépare encore une autre version de cette oeuvre avec la Philharmonie de Brno. Nous la présenterons à deux reprises, les 13 et 14 mars. Et puis nous nous sommes mis d’accord avec la société Supraphon que je vais enregistrer Taras Boulba encore avec d’autres oeuvres de Janáček. Je me réjouis donc de pouvoir chercher de l’inspiration aussi dans les différences entre l’approche de l’Orchestre symphonique de la ville de Prague vis-à-vis de cette composition et celle de la Philharmonie de Brno. »

Il y a sans doute beaucoup de chefs d’orchestre qui aiment et interprètent la musique de Janáček mais le rapport que Jakub Hrůša entretient avec cette musique est tout à fait particulier :

« Dans le langage musical de Janáček il y a tant de lois intérieures que l’interprète est dirigé par elles. C’est l’architecture musicale de l’ensemble qui est autonome, décisive et souveraine. Quand à moi, j’ai toujours interprété cette musique avec, certes, un grand respect de la tradition, celle de Prague et celle de Brno qui diffèrent dans certains de points. Ces quelques aspects donc sont donnés par la tradition, on doit les apprendre et on doit choisir parmi eux, mais outre cela c’est à moi personnellement que cette musique elle-même tend la main. »

Désormais le jeune chef se lance aussi dans le répertoire lyrique. Cet été il dirigera « Carmen » au festival de Glyndebourne et l’année prochaine il présentera l’opéra « Rusalka » d’Antonín Dvořák au Théâtre national de Prague.