Jakub Schikaneder, peintre de la lumière

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Les Pragois ont de nouveau l’occasion de se laisser envoûter par les tableaux de Jakub Schikaneder, de savourer la poésie exquise de ses vues nocturnes de Prague et de se laisser fasciner par la lumière tamisée qui baigne ses œuvres. Quinze ans seulement après sa dernière rétrospective pragoise, la Galerie nationale de Prague présente une nouvelle exposition de ce peintre au manège du palais Wallenstein.

Jakub Schikaneder est un Pragois et sa ville natale est devenue un des principaux sujets de son œuvre. Il est né en 1855 dans une famille qui avait déjà donné à la culture mondiale Emanuel Schikaneder, librettiste de la Flûte enchantée de Mozart. Homme de nombreux talents, Jakub choisit finalement la peinture comme principal moyen d’expression. Il étudie à l’Académie des Arts à Prague mais aussi à Paris et à Munich. Ces premières œuvres le montrent comme un peintre éclectique très sensible aux soucis et malheurs de ses contemporains. Avec le temps, sa palette devient plus raffinée et les contours des objets peints deviennent plus flous. Il semble craindre le jour et adorer la poésie des ruelles nocturnes, la lumière tremblotante des becs à gaz et des lampes à pétrole qui ne révèle que peu de choses et permet aux personnages et objets représentés de garder leurs mystères. Peu à peu, il devient un des peintres tchèques les plus prisés et les plus populaires de son temps.

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La directrice de la collection d’art du XIXe siècle de la Galerie nationale, Šárka Laubnerová, explique que les Pragois peuvent voir pour la deuxième fois déjà en l’espace de quinze ans une exposition de ce peintre parce que les historiens d’art ont découvert entre-temps une importante série d’œuvres encore inconnues :

« Toutes ces œuvres réunies au cours des quinze dernières années ont été examinées dans nos laboratoires et il s’est avéré qu’il s’agissait d’un grand ensemble de toiles qui étaient inconnues parce qu’elles avaient été cachées dans des collections privées. Il était donc souhaitable d’organiser une nouvelle exposition parce que les visiteurs y verront presque 50 % d’œuvres exposées pour la première fois. »

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Vers la fin de sa vie, la palette de Jakub Schikaneder s’éclaircit progressivement. Le peintre semble vaincre sa mélancolie et ses angoisses et crée une série de paysages et de marines où s’ébauche un faible espoir de bonheur. Il meurt en 1924, donc au moment où la peinture européenne est révolutionnée par les avant-gardes. Pendant quelques décennies, il sera presque oublié mais sa popularité renaîtra dans les années 1980. Aujourd’hui, Jakub Schikaneder est considéré comme un des meilleurs peintres tchèques du tournant des XIXe et XX siècles. Šárka Laubnerová rappelle qu’il est aimé non seulement par le public mais aussi par les falsificateurs :

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« Il faut souligner qu’il s’agit des œuvres dont l’authenticité est vérifiée par les ateliers de restauration et qui ont fait l’objet de recherches d’historiens de l’art. C’est nécessaire parce que, dans le cas de Schikaneder, nous courrons le risque d’exposer un faux. Jakub Schikaneder se range avec Navrátil et Piepenhagen parmi les peintres tchèques du XIXe siècle les plus souvent falsifiés. »

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L’exposition du manège du palais Wallenstein réunit 140 toiles et dessins. Tomáš Vlček, commissaire de l’exposition et auteur de la première monographie de Jakub Schikaneder, hésite beaucoup quand on lui demande laquelle de ses toiles lui est la plus chère :

« J’aime les œuvres du début de la carrière du peintre, bien qu’elles soient assez éclectiques parce que c’est par ces toiles que filtre son empathie, son désir de partager le sort des autres. Cela lui a permis de transformer le tableau en moyen de communication visuelle qui est très riche et enrichissante pour le spectateur, et où les gens se rencontrent avec eux-mêmes. »

La grande rétrospective de Jakub Schikaneder au palais Wallenstein restera ouverte jusqu’au 21 octobre prochain.