James Woolsey, ancien chef de la CIA : « la guerre contre le terrorisme est la Quatrième guerre mondiale »

James Woolsey

A quinze jours du scrutin présidentiel aux Etats-Unis, où le débat bat son plein entre les deux candidats, et alors que la situation en Irak ne connaît pas de répit des deux côtés des opposants malgré même le début du ramadan, Hospodarske noviny, le quotidien économique tchèque, a profité de la présence de James Woolsey à Prague, à l'occasion de la conférence Forum 2000, pour interroger l'ancien directeur de la CIA sous l'administration Clinton. Le terrorisme dans le monde et la poudrière irakienne ont été les principaux thèmes abordés.

James Woolsey est considéré comme une des personnalités influentes parmi les néo-conservateurs américains. Assez classiquement, son argumentaire pour la défense de l'intervention en Irak s'appuie sur une comparaison avec la Seconde Guerre mondiale et le combat contre le nazisme, que ce soit pour reprocher à l'administration Bush son incapacité à s'entendre sur l'entraînement d'Irakiens en exil qui auraient participé à la libération de leur pays « comme De Gaulle en 44 à Paris », ou bien pour justifier la lenteur du processus de démocratisation du Moyen-Orient. « L'Europe a eu besoin de deux guerres et d'une guerre froide », explique-t-il. A cet égard, la guerre contre le terrorisme représente pour lui une « Quatrième guerre mondiale » qui ne serait pas prête de s'arrêter, sans que l'on puisse dire pour autant aujourd'hui avec certitude qui en sera le vainqueur. Il prédit non pas une mais plusieurs attaques terroristes en Europe et aux Etats-Unis, et avoue l'incapacité des services de renseignement à prévoir ces attentats, faute d'informations précises et à cause du caractère nébuleux des organisations.

Selon Woolsey, la question des armes de destruction massive, argument avancé par l'administration Bush pour lancer son intervention en Irak qui s'est avéré plus que bancal, n'était pas tant importante que la nécessité de faire tomber le régime de Saddam Hussein et d'empêcher toute collusion éventuelle entre celui-ci et des groupes terroristes. En ce sens, l'ancien directeur de la CIA pose une pierre de plus en faveur de l'idée controversée de « guerre préventive » et vante la vertu d'exemplarité du renversement de Saddam Hussein ainsi que celle des futures élections libres du Parlement irakien prévues pour janvier prochain, par rapport aux dictatures du Moyen-Orient. Pourtant, au vu de la situation explosive actuelle et notamment de la résistance sunnite à Falloudjah, il n'exclut en rien une limitation du vote dans le pays : « les élections n'ont pas besoin d'avoir lieu jusque dans le dernier petit village pour que nous puissions les considérer comme couronnées de succès », explique-t-il un peu avant de défendre l'idée d'un Moyen-Orient démocratique.