Jan Mládek démissionné de son poste de ministre de l’Industrie et du Commerce
Le premier ministre Bohuslav Sobotka a quelque peu surpris son monde ce lundi en annonçant le départ du gouvernement de Jan Mládek, qui quittera son poste de ministre de l’Industrie et du Commerce fin février. Une décision qui est motivée par les atermoiements du ministre social-démocrate à propos de la réforme du secteur des télécommunications, la goutte qui aurait fait déborder un vase déjà bien rempli. Le successeur de M. Mládek devrait être connu jeudi ; le nom le plus cité est celui de Tomáš Prouza, l'actuel secrétaire d’Etat aux Affaires européennes.
« Le ministre a fait beaucoup pour le soutien aux investissements, aux exportateurs tchèques, pour la définition de la politique énergétique tchèque. Néanmoins ces derniers temps, en tant que premier ministre, je ne suis pas satisfait de la manière dont le ministère de l’Industrie et du Commerce travaille. C’est notamment le cas avec les positions répétées du ministère au sujet de l’amélioration de la situation pour les consommateurs sur le marché des services de télécommunication. Je fais en sorte que le marché fonctionne mieux, en particulier je veux une baisse des prix des données mobiles et je n'ai pas reçu un soutien suffisant de la part du ministère de l'Industrie et du Commerce. »
Présenté comme proche des lobbys de grandes entreprises, et notamment des opérateurs téléphoniques, Jan Mládek, est sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines pour la mauvaise volonté qu’il mettrait à parvenir aux objectifs fixés par le chef du gouvernement. Certains propos auraient choqué, par exemple ceux de son adjoint Lubomír Bokštefl, tout nouvellement nommé à ce poste, qui a récemment déclaré que si les Tchèques voulaient des tarifs de téléphonie aussi attractifs que ceux des Polonais, ils n’avaient qu’à aller en Pologne. Le ministre sortant est aussi pointé du doigt pour le soutien à un paragraphe de l’amendement à la loi sur les télécommunications qui pourrait interdire aux consommateurs le droit de négocier des tarifs plus avantageux auprès des opérateurs.
M. Mládek, dont le départ du gouvernement avait déjà à plusieurs reprises été évoqué, ressort également affaibli d’un autre dossier. Lundi, sa proposition pour la reprise de la société minière OKD, mise en faillite l’année dernière, par l’entreprise d’Etat Diamo, a été refusée par ses collègues ministres. Lui se dit déçu et estime avoir été la cible d’une campagne médiatique :
« Le premier ministre a pris sa décision d’après ses conseillers en relations publiques et en fonction des médias, en aucun cas en accord avec la réalité. Oui, je fais peut-être partie de la vieille génération, celle qui décide selon des données économiques, des chiffres, et non pas en réaction aux cris médiatiques. Cette campagne à mon encontre est menée en premier lieu par Andrej Babiš, qui l’a initiée, et je dois dire que je n’ai pas reçu un grand soutien. »Le ministre des Finances Andrej Babiš (ANO) nie cependant toute implication. Selon lui, il s’agit une nouvelle fois de la résolution d’un conflit interne au parti social-démocrate. Dans l’opposition de droite, on partage le même diagnostic et on estime que le départ du ministre, trois mois après un mini-remaniement gouvernemental, intervient trop tard alors que les prochaines législatives sont prévues pour l’automne prochain.
Bohuslav Sobotka doit se rendre ce jeudi au château de Prague afin de remettre la proposition de démission de son ministre au chef de l’Etat Miloš Zeman, réputé être un proche de M. Mládek. Le premier ministre veut que le président soit le premier à entendre le nom de son possible successeur. Il est question de deux de ses adjoints, mais surtout de celui qui est actuellement secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Tomáš Prouza. Ce n’est cependant pas gagné car M. Zeman le perçoit comme l’un de ses opposants.