Jan Palach - 43 ans déjà et nouvelle critique de l’Union européenne par Václav Klaus
On a beau croire que tout ou presque a déjà été dit sur Jan Palach, qui s’est immolé par le feu le 16 janvier 1969 et sur ce geste par lequel cet étudiant de vingt ans a voulu sortir la société tchécoslovaque de la léthargie dans laquelle elle avait sombré après l’occupation du pays par les chars soviétiques. Pourtant, une des récentes éditions du quotidien Lidové noviny a publié à ce sujet quelques nouveaux éléments dans son éditorial intitulé « Jan Palach, cet inconnu »... L’éclatement de deux unions monétaires dont les pays tchèques ont été dans l’histoire les témoins, voilà un autre sujet que nous avons choisi dans la presse de ces derniers jours qui a retenu, aussi, une nouvelle critique de Václav Klaus à l’égard de l’Union européenne.
Le journal Lidové noviny souligne que grâce aux efforts de l’historien Petr Blažek, soutenu par une équipe d’étudiants de l’Université Charles, une collection unique de documents et de photos a pu être ainsi réunie. L’auteur de ce projet multimédia hors du commun a pour le journal précisé :
« Nous avons présenté l’histoire de Jan Palach de façon à ce qu’elle ne se termine pas par sa mort, mais à ce qu’elle se poursuive à travers son héritage... Nous avons également voulu transmettre un message à ceux qui envisagent des protestations politiques. Ils doivent se rendre compte qu’il s’agit d’un acte exceptionnel que l’on ne saurait imiter que dans des situations tout-à-fait exceptionnelles. »
Les lycéens et les étudiants du cycle secondaire sont principalement visés par ces pages web consacrées à Jan Palach. Celles-ci évoquent aussi d’autres figures européennes qui sont devenues les « torches vivantes », parmi lesquelles deux autres Tchèques, le jeune Jan Zajíc, mort en en février 1969, et Evžen Plocek qui l’a suivi six semaines plus tard, tout comme le Polonais Ryszard Siwiec.Lidové noviny rappelle d’ailleurs que le geste de Palach a eu à l’époque en Pologne un retentissement particulier et que son message y est toujours vivant, en dépit des débats qui l’accompagnent, dus en grande partie à la confession catholique des Polonais. Il signale aussi qu’un long métrage en trois parties sur Palach est en préparation par la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland.
Celle-ci semble bien placée pour cette tâche, puisque « en tant qu’étudiante à la faculté du film de Prague, FAMU, elle a été le témoin oculaire des événements, à commencer par le Printemps de Prague jusqu’à la normalisation des années 1970. »Le journal rappelle également que le nom de Jan Palach s’est vu immortaliser à plusieurs endroits à l’étranger, dont il cite entre autres un simple monument qui lui est dédié au bord du lac Leman, à Vevey, en Suisse.
Très faible voire négatif, est selon Václav Klaus l’effet de l’appartenance de la République tchèque à l’Union europénne. Le président l’a souligné, une nouvelle fois, dans un discours prononcé à Riyad, lors d’une conférence consacrée à la modernisation de l’économie dans le monde arabe, et dont une grande partie a été publiée dans les pages du quotidien Mladá fronta Dnes.
Etiquetté souvent comme europhobe, connu pour sa position très critique à l’égard de l’intégration européenne, le président tchèque a également déclaré :
« L’actuelle crise qui apparaît quotidiennement à la une des médias n’est qu’un symptome d’une crise européenne beaucoup plus profonde et de longue date, qui est la conséquence d’un système économique et social trop régulé ».
Václav Klaus développe plus loin son idée en disant :
« Le continent qui est par définition hétérogène et dont la prospérité était due à sa diversité et à sa non-uniformité s’est vu au fur et à mesure unifier par une gouvernance et une législation centralisée. Ceci a eu des effets économiques négatifs, aboutissant sur le plan politique à l’absence de contrôle démocratique que je veux appeler la postdémocratie ».
L’actuelle crise serait selon Václav Klaus une conséquence inévitable de la mise en place de la monnaie unique dans les pays dotés de paramètres et de conditions économiques très différents. D’où la nécessité, selon ses propres paroles, « d’accéder à de profonds changements de système semblables à la tâche qu’il a fallu réaliser en Tchéquie, il y a deux décennies, dès la chute du régime communiste ».
Et Václav Klaus de se féliciter de ce que la République tchèque possède sa propre monnaie, la couronne tchèque, n’ayant pas pour l’instant l’ambition d’entrer dans la zone euro.
« L’éclatement de l’union ? C’est un événement que nous avons connu à plusieurs reprises dans l’histoire. » Tel est le titre d’une analyse dans laquelle le supplément financier et économique du quotidien Lidové noviny rappelle les sept unions monétaires qui ont disparu, dont deux ont concerné les Tchèques eux-mêmes. Il constate :« L’existence de la zone euro, secouée par la crise et les dettes, est menacée. Son éclatement aurait des retombées dramatiques sur l’économie européenne et mondiale. Mais historiquement parlant, ce ne serait pas une surprise, car la plupart des unions monétaires qui ont été fondées dans le passé, ont tôt ou tard fini. L’une des causes de l’éventuel éclatement de la zone euro, c’est qu’elle n’a pas tiré assez de leçons du passé ».
L’auteur de l’article remarque que la Tchéquie peut rarement servir de modèle à l’Europe. « Mais aujourd’hui, écrit-il, on parle assez souvent de notre pays, car il a connu dans le passé à deux reprises ce qui hante à présent l’Europe, à savoir l’éclatement de l’Union européenne ». Il explique :
« Pour la première fois, cela s’est passé au lendemain de la Première Guerre mondiale, après la dislocation de la monarchie austro-hongroise. C’est à cette époque-là que remonte la naissance de la monnaie tchécoslovaque. »
Un pareil scénario, le pays l’a connu suite à la partition de la Tchécoslovaquie en deux Etats indépendants, la République tchèque et la Slovaquie, au début de l’année 1993. La monnaie commune a donné suite à la naissance de deux monnaies nationales, la couronne tchèque et la couronne slovaque. Et ce sont justement ces deux événements qui offrent certains parallèles. Dans l’article cité nous avons pu lire :
« L’ancienne monarchie et la zone euro ont plus d’un trait en commun : le niveau de vie différent dans les divers pays ou encore le fait que la pression ne vienne pas du centre, mais à partir d’économies périphériques. Il y a quand même une différence fondamentale : tandis que beaucoup accueillaient la chute de la monarchie avec enthousiasme, celle du projet euro est fortement redoutée ».
Concernant la partition monétaire tchéco-slovaque, le journal écrit :« Après l’éclatement de leur Etat commun en janvier 1993, la République tchèque et la Slovaquie ont voulu maintenir leur union monétaire, ne serait-ce que durant un semestre. Mais la fuite dramatique du capital slovaque vers la Tchéquie, provoquée par des spéculations en vue de l’affaiblissement de la nouvelle monnaie slovaque, a accéléré la séparation de la monnaie commune, qui est survenue au bout d’un mois seulement. »