Jan Saudek ouvre sa galerie à Prague
Jan Saudek a depuis cette semaine sa propre galerie au centre de la capitale tchèque. Mercredi, cette nouvelle galerie a été inaugurée en présence du célèbre photographe, qui a répondu aux questions de Radio Prague. Nous lui avons d'abord demandé comment il avait sélectionné la centaine de clichés qui sont exposées dans la galerie qui porte son nom :
« Je n'ai rien choisi moi-même, je vous le jure. J'ai seulement donné le fruit de mon travail de ces derniers mois, lors desquels j'ai fait le portrait de ces gens qu'on appelle les célébrités : celui de cette belle ballerine, de messieurs Bartoska, Machacek, Liska. Moi, je ne choisis pas les photos, je les prends. »
Né en 1935 à Prague dans une famille juive, Jan Saudek a été interné avec son frère pendant la guerre par les nazis dans un camp de concentration où étaient regroupés les jumeaux. Il a commencé à prendre des photos dans les années 60. Mondialement reconnu aujourd'hui (la France lui a notamment décerné l'ordre de Chevalier des Arts et des Lettres en 1990), il reste encore en manque de reconnaissance dans son pays :
« Cela s'améliore. Je suis passé à la télévision hier et aujourd'hui, des gens m'ont même demandé des autographes dans la rue. Cela m'a fait plaisir, je le considère incontestablement comme un succès. Mais c'est vrai que je ne suis pas reconnu officiellement, il est exclu que mon oeuvre soit incluse dans des institutions comme la galerie nationale. J'ai quand même reçu un prix pour contribution à la bonne image de mon pays à l'étranger, comme Milan Kundera. Mais ce serait quand même bien si un jour j'étais enfin considéré comme quelqu'un de respectable malgré mes extravagances, ça me ferait plaisir. »
« Je suis quelqu'un de controversé, je ne pense pas l'être mais je suis considéré comme controversé. Des musées comme le MoMa de New York ne m'ont jamais accueilli, parce que je suis indécent ou parce que je ne suis pas assez bon. En revanche à Paris, ils m'ont exposé plusieurs fois avec beaucoup de succès. Mais en général, mon oeuvre n'est pas perçue comme celle de Josef Sudek ou Frantisek Drtikol, dans lesquelles il n'y a rien qui pourrait provoquer, vexer ou irriter. »
La nouvelle galerie Jan Saudek est située à deux pas de la place de la Vieille-ville, rue Celetna. L'entrée coûte 150 couronnes.
