Jan Saudek sur grand écran
C’est la semaine prochaine que sort dans les salles tchèques le documentaire consacré au photographe Jan Saudek. Intitulé « Jan Saudek – dans l’enfer de ses passions, le paradis encore loin », le film réalisé par le cinéaste Adolf Zika fait entrer le spectateur dans l’intimité du plus célèbre photographe tchèque contemporain.
Fier d'être filmé en train de faire des pompes ou son jogging, il décrit son enfance comme l’époque la moins heureuse de sa vie. Né dans une famille juive, il n’a pas encore 10 ans quand il est interné à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans un camp de concentration avec son frère jumeau.
En 1950, il reçoit son premier appareil photo, un Kodak Baby Brownie, qu’il utiliserait encore si les pellicules étaient toujours fabriquées. Et voilà Jan Saudek parti pour près de 60 années de clichés, des photos reconnaissables au premier coup d’oeil qu’il continue de prendre dans son modeste appartement du quartier de Zizkov. Et oui, cet artiste, récompensé à maintes reprises à l’étranger, Chevalier des Arts et Lettres en France, vit aujourd’hui plutôt modestement. C’est son ex-femme Sara qui détient les droits de ses photos et qui gère leur exposition. Jan Saudek et les femmes : un sujet que le film ne pouvait résolument pas laisser de côté puisqu’il les a aimées et photographiées toute sa vie. Huit enfants, dont quatre illégitimes et un dernier-né qui a quelques mois seulement. L’ex, Sara, gérante de la société saudek.com, lui a fait trois petits-enfants avec son propre fils Samuel. Une vie personnelle plus que mouvementée et des remords, comme il l’avoue lui-même :« Je n’ai que des remords, toujours des remords... Mais souvenez-vous de ça : quoique vous fassiez dans la vie, un jour vous le regretterez. Si j’étais resté marié à ma première femme, si j’avais été un gars bien toute ma vie, alors aujourd’hui à mon grand âge je me maudirais d’avoir manqué tout ça... »Le documentaire consacré à Jan Saudek sort le 3 janvier prochain en République tchèque. Pas d’informations encore sur les potentielles sorties du film à l’étranger. Le mot de la fin appartient au photographe, qui livre dans le film sa définition de l’art :
« L’art, c’est de la foutaise... C’est très beau, c’est une très belle définition, il faut s’y tenir. »