Jan Wagner

Jan Wagner
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Les Wagners, une vraie saga de grands artistes ! Rappelons Antonin Pavel Wagner, sculpteur du XIXe siècle, dont les allégories décorent le Théâtre national de Prague. Ses statues de Michel-Ange et d'Hercule, ainsi que la fontaine, se trouvent à Vienne. Le grand sculpteur Josef Wagner et son fils aîné Josef, peintre remarquable, ont déjà été présentés dans le cadre de cette émission. Aujourd'hui, la rubrique est donc consacrée à Jan Wagner, sculpteur et professeur à l'école de sculpteurs et de tailleurs de pierre à Horice. L'artiste a exposé ses oeuvres au Mexique, aux Pays-Bas, en Suède, en Finlande, en Suisse, à Paris, en Autriche, en Pologne et dans bien d'autres pays encore. L'un de ses plus grands succès fut l'exposition The responsive touch (Contact réceptif) organisée en octobre 1987 à l'Akadamie der Bildenden Künste à Vienne. En 1984, l'Académie de Vienne lui a remis le titre honorifique de Magister artium (Maître des Arts).

La technique de Jan Wagner était excellente, sa maîtrise de la matière parfaite et précise. La création de certaines de ses plastiques en métal a même pris plusieurs années. Parfois, les objets créés par l'artiste sont vraiment originaux. Par exemple l'Adaptateur papillon ou le Rasoir mécanique, objet doublé de cuir qui peut servir de radio portable, rasoir mécanique avec récipient intégré à l'alcool. Le thème du papillon symbolise l'intérêt que suscite à l'artiste la génétique, la biochimie et la biotechnique. Jan Wagner a, entre autres, également créé des bijoux intéressants et des médailles. Le sujet préféré de ses oeuvres resta pendant toute sa vie les chevaux, qu'il aimait, montait et dont il s'occupait depuis son enfance. Souvent, il allait à cheval même à l'école. La mère et le père de Jan Wagner, né le 22 septembre 1941 à Prague, étaient des sculpteurs remarquables, dont il a certainement hérité du talent plastique. Enfant déjà, c'était un original. La parole est à son frère, le peintre Josef Wagner.

« C'était un introverti, ému par la vie des animaux, leur façon d'être et de se manifester. Il aimait les chevaux, s'occupait d'eux et a même participé à plusieurs tournage en leur compagnie. Inspiré par Eugène Delacroix il sculpta dans du bois le relief du cheval dansant. Sa passion ne s'arrêtait pas aux chevaux, mais concernait tous les animaux. Je me souviens qu'il a par exemple été ému par la mort d'un merle. Il l'a formé en pâte à modeler et plus tard il a sculpté l'oiseau dans du bois. Il s'enfermait souvent dans son atelier - c'était son micro-univers. »

Jan Wagner était fasciné par la perfection du mécanisme des montres de goussets et des pendules. D'ailleurs, dans les années soixante, il réalise une trilogie d'oeuvres surréalistes : la Pendule, l'Horloge et l'Horloge Däniken. Jan Wagner passe son baccalauréat à Horice, ville située au pied des Monts des Géants. Puis pendant un an il travaille comme sculpteur sur pierre aux Arts et métiers à Prague. En 1960, il commence à étudier à l'Académie des arts plastiques et prend parallèlement des leçons dans les ateliers des professeurs Vincenc Makovsky et Karel Hladik. Après avoir terminé ses études à l'Académie des arts plastiques à Prague, le gouvernement autrichien lui octroie une bourse pour qu'il puisse étudier à l'Académie des arts plastique de Vienne chez le professeur Ferdinand Welz, expert en art médailleur. Sa thèse vaut à Jan Wagner le 1er Prix de la ville de Vienne.

« Le monde de la civilisation technique l'a influencé à un tel point qu'il a renoncé aux animaux en tant que sujet, et donc à la forme de la sculpture classique. Mon frère est passé aux plastiques mobiles dans lesquelles il a su, grâce à son génie technique, intégrer l'humanisme romantique. »

C'était le peintre Josef Wagner, frère aîné de l'artiste. Lors de son voyage en France en 1962, l'artiste est très impressionné par l'exposition de Jean Tinguely qu'il visite à Paris. Jean Tinguely manifeste dans ses opinions une vision ironique et critique vis à vis de la société technocrate. Jan Wagner n'a jamais rencontré le sculpteur suisse, leur contact étant uniquement épistolaire. Pourtant leur rêve commun était de créer une plastique mobile du Golem. Ils font des projets précis et réalistes en 1985. Leur idée ne se réalisera jamais à cause du décès prématuré des deux sculpteurs.

Ses études terminées, Jan Wagner devient l'assistant du professeur Ferdinand Welz à l'Académie des arts plastique à Vienne. En 1971, il est révoqué par les dirigeants communistes. Il revient au pays et donne des cours à l'école de sculpture et de tailleurs de pierres à Horice. Quatre ans plus tard, il est encore obligé de quitter son poste pour la même raison qu'à Vienne. L'artiste se renferme sur lui-même et se consacre à la création de ses oeuvres. Mais après la Révolution de velours, au début des années quatre-vingt-dix, il est à nouveau invité par la direction de l'école de sculpture et de tailleurs de pierre de Horice à donner des cours. Sa vie est successivement partagée entre Horice et Prague. Le 1 juillet 2005, le sculpteur Jan Wagner succombe à son pire ennemi, l'alcool.

Le merle mort