« Jeden Svět », un monde qui sort de sa bulle

La très attendue dix-septième édition du festival international du film documentaire « Jeden Svět » – « Un monde » démarre ce lundi à Prague. Dans huit salles pragoises, ce festival, qui compte parmi les plus significatifs portant sur les droits de l’homme, propose des regards divers et variés sur la situation politico-sociale du monde à travers la projection de 114 documentaires provenant de 59 pays.

Organisé par l’ONG Člověk v tísni - L’homme en détresse, le festival a notamment pour slogan cette année « Praskněte své bubliny » – « Faîtes éclater vos bulles », en français. Le dramaturge du festival, Ondřej Moravec, a expliqué le pourquoi de ce slogan :

« Ce que nous voulons exprimer par cet intitulé, c’est que les gens ont tendance à s’installer confortablement dans leurs ‘petits nids douillets’, où ils vivent en toute tranquillité, comme s’ils n’étaient pas concernés par leur entourage ou par les problèmes mondiaux. Donc, par le biais de ces films, nous essayons en quelque sorte de les libérer de ‘leurs bulles’. »

La propagation de l’islamisme radical constitue un des thèmes évoqués pendant le festival. Le documentaire danois de Soren Steen Jespersen, Warriors from the North (Guerriers du Nord), qui évoque le départ de jeunes somaliens, nés de parents réfugiés en Scandinavie, pour rejoindre des militants islamistes, sera mis à l’honneur lors de la cérémonie d’ouverture, ce lundi soir au cinéma Lucerna. Les organisateurs du festival s’apprêtent notamment à présenter au grand public le documentaire de Laura Poitras, intitulé « Citizenfour ». Ce film sur l’informaticien Edward Snowden, qui a révélé des documents classés secret-défense de la NSA (l’Agence nationale de la sécurité) concernant des programmes de surveillance de masse américains et britanniques, a obtenu cette année l’Oscar du meilleur documentaire. A propos de ce documentaire exceptionnel, qui a pris naissance grâce à l’initiative d’Edward Snowden, ayant lui-même contacté la réalisatrice, Ondřej Moravec a indiqué :

'Citizenfour',  photo: Archives du festival Jeden svět
« On me demande sans cesse, si le film fait l’éloge d’Edward Snowden ou si au contraire il dresse un portrait critique. Dans la mesure où le documentaire montre Edward Snowden enfermé dans une chambre à Hong-Kong, il s’agit d’un portrait très intime. C’est de cette façon que nous l’observons. Donc chacun doit se construire sa propre opinion quant à savoir s’il est un héros positif ou négatif. »

Comme de tradition pendant toute la durée du festival, jusqu’au mercredi 11 mars, différents thèmes seront également abordés en conférences et débats, comme par exemple, celui de l’éducation ou des troubles mentaux. Cette année, les organisateurs ont notamment préparé une rétrospective de documentaires produits en ex-Yougoslavie. Des projections se tiendront également au cinéma 35 de l’Institut français de Prague, rue Štěpánká. Au micro de Radio Prague, la directrice de l’Institut français de Prague, Isabelle Guisnel a précisé l’importance de la coopération entre l’Institut et le festival Jeden Svět :

'Caricaturistes,  fantassins de la démocratie',  photo: Archives du festival Jeden svět
« C’est une grande fierté pour nous d’être partenaires de Jeden Svět. Nous y présentons des documentaires, ainsi que des documentaires français qui seront projetés dans ce cadre. Il y en a un qui s’appelle « Caricaturistes, fantassins de la démocratie » ; c’est particulièrement important en ce moment. Il y en a un autre sur les hommes éléphants. Il y en a un troisième sur la Tchétchénie. Pour cette dix-septième édition, je dirais qu’au fil du temps, et en parallèle avec ce partenariat que l’on a initié quand Jeden Svět était encore à ses débuts, alors le festival est maintenant devenu le plus grand festival au monde documentaire sur les droits de l’homme. Donc oui, c’est un partenaire qui nous fait honneur. »

Parmi les nombreux invités à l’occasion, figure notamment la chanteuse iranienne Sara Najafi, qui se bat pour la possibilité pour les femmes de chanter en public, activité interdite dans son pays. Cette année, le prix pour les droits de l’homme Homo Homini, attribué depuis 1994 par l’ONG Člověk v tísni, sera remis en mains propres ce lundi soir, à la militante syrienne Suad Nawfal, qui s’est faite connaître pour ses protestations publiques contre l’Etat islamique. Après les projections dans les salles de la capitale, le festival se poursuivra dans trente-trois autres villes tchèques, dont České Budějovice, Tábor, Znojmo ou Olomouc.

Pour plus d’informations sur l’évènement : www.oneworld.cz