Jiri Pelan, un traducteur tiraillé entre la poésie et la prose

C'est dans le cadre de la foire « Le Monde du Livre » à Prague qu'a eu lieu la remise du Prix de la traduction de l'Ambassade de France en République tchèque. L'ambassadeur M. Charles Fries a remis ce prix au traducteur Jiri Pelan. Bien qu'il enseigne la littérature italienne à la faculté de lettres de l'Université Charles, Jiri Pelan n'en est pas moins un excellent traducteur et propagateur de la littérature française. A l'issue de la cérémonie de remise du prix, il a répondu aux questions de Radio Prague.

«Naturellement, je suis très content. J'ai toujours l'impression que la France, l'administration française et l'Ambassade de France, sont très attentives à ce qu'on fait ici, à ce qu'on traduit, à toutes les façons dont on cherche à aider la diffusion de la culture française chez nous. »

Quels ont été les ouvrages que l'Ambassade de France a distingués ?

« Si j'ai bien compris il s'agissait d'apprécier l'ensemble de mon oeuvre de traducteur, si on peut le dire de cette façon. On a parlé surtout de ma traduction des oeuvres d'Yves Bonnefoy. Il est vrai que c'est moi qui ai commencé à traduire en tchèque les oeuvres de ce grand poète français. Et je suis persuadé qu'actuellement Bonnefoy est un nom qui n'est pas inconnu dans notre pays.

C'était peut-être le motif principal de ce prix, de cette distinction. »

Vous êtes aussi traducteur de Baudelaire et de Queneau ...

« Oui, Queneau est pour moi un auteur exceptionnel. C'est quelqu'un qui cherche à construire ses textes avec une rationalité extraordinaire, mais ce n'est pas un formaliste, ce n'est pas quelqu'un qui ne cherche qu'à réaliser des schémas narratifs. C'est quelqu'un qui parle du monde et de l'homme et il le fait d'une façon qui me semble très profonde. »

La poésie est-elle votre spécialité ou traduisez-vous aussi la prose ?

« J'ai commencé par traduire la poésie mais c'est une chose très très difficile. Si je veux être sincère, je dois dire que chez moi c'est toujours une évolution qui va de la poésie à la prose, en zigzaguant. J'ai traduit de la poésie, mais à la fin je me suis dit que c'est une activité un peu folle, parce qu'on ne peut jamais traduire un poème « à cent pour cent ». Donc je me suis mis à traduire la prose, parce que là, on a l'impression d'être plus terre à terre. On découvre par la suite que même cela est une illusion et que, peut-être, traduire de la poésie donne plus de liberté au traducteur et qu'on peut être plus fidèle au texte en traduisant la poésie. Donc j'alterne ces deux modes et je procède comme ça dans ma vie de traducteur. »

Quels auteurs et quels poètes aimeriez-vous encore traduire ?

« Vous avez fait allusion à Baudelaire. J'ai traduit quelques poésies de lui, je n'ai pas traduit Les Fleurs du Mal. Donc mon rêve est d'essayer de faire quelque chose de plus dans ce domaine-là. Baudelaire est le plus grand de tous. »