Jiřina Fikejzová, grande écrivaine (francophone) de la chanson tchèque

Jiřina Fikejzová, photo: Jan Sklenář, ČRo

Décédée cette semaine à l’âge de 93 ans, Jiřina Fikejzová est l’une des rares femmes à s’être imposée aux côtés des célèbres paroliers de la musique pop tchèque des années 1960, 70 et 80, tels Zdeněk Rytíř, Zdeněk Borovec ou Pavel Vrba. Auteure de pas moins de 240 chansons, elle est à l’origine de nombreux tubes ciselés pour les plus grands de la chanson tchèque, parmi lesquels Karel Gott, Marie Rottrová, Marta Kubišová, Hana Hegerová, Václav Neckář, Yvetta Simonová ou Eva Pilarová.

Jiřina Fikejzová, à qui nous rendons hommage par cette émission, est aussi l’auteure des versions tchèques de nombreuses chansons françaises. Parmi les morceaux les plus populaires que la parolière a traduits du français figurent notamment les reprises des chansons « Et maintenant » ou « Seul sur ton étoile » de Gilbert Bécaud, « Tu t’laisses aller » de Charles Aznavour ou « Le Chariot » des compositeurs Franck Pourcel et Paul Mauriat. Elles ont été interprétées par Judita Čeřovská, une des légendes de la musique populaire tchécoslovaque du XXe siècle que vous avez entendue au début de cette émission.

Tout comme Judita Čeřovská, chanteuse d’origine tchéco-allemande, Jiřina Fikejzová est née à la fin des années 1920 non loin de la ville de Most, dans la région frontalière des Sudètes, dans le nord-ouest de la Bohême.

En 2010, dans une émission de la Radio tchèque, elle s’était souvenue de son enfance passée dans la petite commune de Lom d’où sa famille a fui au début de la Deuxième guerre mondiale, suite à l’annexion des Sudètes par l’Allemagne hitlérienne.

Lycéenne, Jiřina Fikejzová écrit le texte de sa première chanson d’amour qui porte le titre français « Abandonnée ».

Après un épisode sportif de sa vie dans les années 1950, lorsqu’elle devient sprinteuse à succès au sein de l’équipe nationale tchécoslovaque, et après avoir fait des études de psychologie et de sociologie, tout en suivant des cours privés de musique, Jiřina Fikejzová lance finalement, pendant son congé de maternité, sa carrière artistique.

« Tak půvabná a svěží » – « Tellement charmante et fraîche » : c’est par cette version tchèque d’« Easter Parade » d’Irving Berlin que commence en 1956 la collaboration de la parolière Jiřina Fikejzová avec le très réputé Orchestre Karel Vlach.

Jiřina Fikejzová a signé les paroles tchèques d’autres grands tubes internationaux, comme « Je suis malade » de Serge Lama, « La Mamma » de Charles Aznavour, sans oublier la célèbre chanson napolitaine « O sole mio ».

Le titre de l’inoubliable morceau de Serge Lama a été traduit en tchèque par « To mám tak ráda » - « J’aime tant ça », et il a été interprété par la grande dame de la soul tchèque, Marie Rottrová, qui a aussi chanté « La Mamma » de Charles Aznavour.

Enfin, Jiřina Fikejzová a immortalisé pour le public tchèque le fameux morceau de Pete Seeger, « Where Have All The Flowers Gone ».  Intitulé en tchèque « Řekni, kde ty kytky jsou », il été interprété par plusieurs chanteurs, dont Judita Čeřovská ou Marie Rottrová. Nous avons choisi pour vous la version chantée par l’inimitable Marta Kubišová.