Parolière très populaire, Jiřina Fikejzová a 90 ans

Jiřina Fikejzová, photo: Jan Sklenář, ČRo

Parolière qui a contribué à la popularité d’une bonne trentaine de chanteurs du pays, Jiřina Fikejzová a fêté ses 90 ans le 13 avril dernier. Cette belle plume de la musique tchèque a écrit les textes de près de 250 chansons. Marie Rottrová, Judita Čeřovská, Karel Gott et bien d’autres artistes encore doivent ainsi certains de leurs plus grands tubes à Jiřina Fikejzová. Radio Prague vous en propose un petit best-of.

Jiřina Fikejzová,  photo: Jan Sklenář,  ČRo
Née dans la commune de Lom, dans la région industrielle d’Ústí nad Labem, en Bohême du Nord, Jiřina Fikejzová se passionne dès le lycée pour l’écriture de textes de chansons. Après un épisode sportif de sa vie dans les années 1950, durant lesquelles elle est une sprinteuse à succès au sein de l’équipe nationale tchécoslovaque, et malgré des études de sociologie et de psychologie à l’Université Charles, Jiřina Fikejzová débute sa carrière de parolière en collaborant avec l’Orchestre de Karel Vlach puis l’Orchestre de danse de la Radio tchécoslovaque. Elle travaille ensuite intensément pendant de longues années avec la maison de disques Supraphon en tant que conseillère artistique.

Jiřina Fikejzová écrit plus de deux cents chansons interprétées par les plus grands artistes de leur époque comme Václav Neckář, Hana Zagorová, Yvetta Simonová, Eva Pilarová, Waldemar Matuška ou Hana Hegerová. Elle s’inscrit alors dans l’esprit des chanteurs comme une parolière de qualité, et sortira avec le temps plusieurs albums d’auteur, dont Hodina hvězd (L’Heure des étoiles), Den žen/Den mužů (Le jour des femmes/Le jour des hommes) ou encore Jeviště slov (Le Podium des mots).

Auteur des paroles tchèques de chansons françaises

Jiřina Fikejzová est aussi l’auteur des paroles tchèques de nombreuses chansons françaises. Parmi les morceaux les plus populaires que la parolière a traduits du français figurent notamment les reprises originales de « Et maintenant » ou « Seul sur ton étoile » de Gilbert Bécaud, « Tu t’laisses aller » de Charles Aznavour ou « Le Chariot » des compositeurs Franck Pourcel et Paul Mauriat. Ces quatre tubes sont interprétés par Judita Čeřovská, une des légendes de la musique populaire tchécoslovaque du XXe siècle.

« Que va-t-il se passer, notre histoire se termine
Sur un croisement, tu m’as laissée plantée
Tu peux aller, où bon te semble
Moi calmement, je peux renoncer à toi Juste une mauvaise nuit, soudainement
Et ma tête, est toujours terne le matin
Peut-être que plus rien, ne m’émouvra
Peut-être que dans mon âme, il y a de l’ombre Que va-t-il se passer, la vie est longue
Mes journées traînent, comme un ruisseau paresseux
Vers les quatre murs, sourds et vides
Je dirige mon monologue, tel un délire »

Marie Rottrová,  photo: YouTube
Jiřina Fikejzová a signé les paroles tchèques d’autres grands tubes internationaux, comme « Je suis malade » de Serge Lama, « La Mamma » de Charles Aznavour ou « Je reviens chez nous » du Québécois Jean-Pierre Ferland. Le titre de l’inoubliable morceau de Serge Lama a été traduit en tchèque par « To mám tak ráda » - « J’aime tant ça », et il a été interprété par la dame de la soul tchèque, Marie Rottrová, qui a aussi chanté « La Mamma » de Charles Aznavour. Quant au titre du morceau du compositeur Jean-Pierre Ferland « Je reviens chez nous », il est devenu « Máš dvě lásky » en tchèque soit « Tu as deux amours », et il a été interprété par Judita Čeřovská.

« Musique aimable
Reste avec moi
Maintenant que je n’entends plus ta voix
Je suis en sécurité ici
Ce qui ne me convient pas
C’est que je pense de nouveau à toi
Au fur et à mesure que passe le temps C’est ce que j’aime
C’est ce que j’aime vraiment
Ce poison que j’ai dans la peau
Lorsque j’avais l’habitude de dormir sur les roses
Qu’est ce que j’en tire ? »

Karel Gott,  photo: ČT
Le « Divin Kája » - le surnom donné à Karel Gott - a lui aussi interprété plusieurs chansons dont les paroles ont été écrites par Jiřina Fikejzová. Il s’agit par exemple de « E 14 » ou de « Když pláčeš, když se směješ », « Quand tu pleures, quand tu ris », une reprise de la chanson italienne « Se piangi, se ridi » de Roberto Satti (alias Bobby Solo) de 1965.

Une artiste toujours pleine d’énergie à 90 ans

En 1987, Jiřina Fikejzová publie un recueil de textes et poèmes intitulé « Slova » – « Les mots », puis son autobiographie « Povolání textařka » – « Profession parolière » en 1999. Dix ans plus tard, une suite du livre sort sous le titre de « Povolání textařka… v důchodu? » - « Profession parolière… à la retraite ? ».

Photo: Supraphon
Pour les 90 ans de la parolière célébrés au théâtre Viola à Prague, la maison de disques Supraphon a sorti un album intitulé « Řekni, kde ty kytky jsou » - « Dis-moi où sont les fleurs », une sélection de vingt-deux textes de Jiřina Fikejzová. On y trouve notamment la chanson éponyme chantée par Marie Rottrová, nouvellement interprétée par la voix non moins puissante de Marta Kubišová. La soirée d’anniversaire, qui a réuni grand nombre d’artistes dans une salle comble, a été appelée « Tak půvabná a svěží » – « Tellement charmante et fraîche », soit le titre du premier texte publié et écrit en 1956 par Jiřina Fikejzová sur la chanson « Easter Parade » d’Irving Berlin.