Joachim Barrande, une vie dédiée aux fossiles
Mardi, un colloque dédié au géologie et paléontologue Joachim Barrande était organisé à l’Institut Français de Prague, à l’occasion des 210 ans de sa naissance. Originaire du petit village de Saugues en Haute-Loire, Joachim Barrande, né en 1799, a passé près de 50 ans de sa vie en Bohême, où il a rassemblé une collection exhaustive de fossiles, dont les fameux trilobites. Ami des Tchèques, à qui il a fait don de sa collection qui se trouve aujourd’hui au Musée national, ceux-ci lui ont rendu hommage après sa mort en baptisant la colline de Barrandov à Prague, d’après son nom. Joachim Barrande a cependant encore de la famille à Saugues, qui entretient sa mémoire, dont Paul-Henri Barrande.
« Joachim Barrande était mon arrière grand-oncle, puisqu’il est mort sans descendance. »
Quel est l’héritage de Joachim Barrande, en France, au niveau de la paléontologie ?
« A l’heure actuelle, la reconnaissance de Joachim Barrande n’est pas encore très établie en France. Néanmoins, sa ville natale, Saugues, a fait plusieurs cérémonies, en particulier une pose de stèle à l’occasion du bicentenaire de sa naissance, et la nomination d’un collège à son nom. »
La venue de Joachim Barrande en Bohême est très liée à l’histoire. Pouvez-vous nous rappeler comment il est arrivé à Prague ?
« Il n’est arrivé à Prague qu’à l’occasion du départ de Chales X de France, puisqu’il était précepteur de son petit-fils, le duc de Chambord. Il a suivi le roi et son élève en Bohême. »
Mais il est resté plus tard en Bohême, pourquoi ?
« Il est resté en Bohême car il s’occupait du tracé d’une voie de chemin de fer. C’est ainsi qu’il est tombé sur un gisement de fossiles. On peut dire que sa vocation a débuté à ce moment-là. »
A-t-il continué d’entretenir des liens avec la France ?« Il revenait régulièrement en France et il était en relation avec tous les scientifiques de l’époque, que ce soit en France ou en Angleterre. »
On imagine qu’à l’époque c’était évidemment difficile, pas d’avions, le début des chemins de fer... Et en outre, Joachim Barrande était quelqu’un d’extrêmement travailleur, il avait des journées bien remplies. Pourriez-vous décrire son quotidien ?
« Son quotidien, c’était le terrain, et sa petite chambre à Prague où il entassait des fossiles. D’ailleurs sa gouvernante se plaignait toujours du bric à brac (rires). »
Il a également été au contact de Tchèques renommés, comme l'écrivain Jan Neruda.
« Et la mère de Jan Neruda a été sa gouvernenante. »
Il a également donné des noms tchèques à ses fossiles. A cette occasion, d’ailleurs, il a protesté contre une décision de l’Association internationale de géologie qui voulait décider d’une certaine façon de désigner les fossiles, en latin...
« Tout à fait. Joachim Barrande donnait à ses fossiles des noms sympathiques ou les noms de ses détracteurs ! »
C’est symptomatique de son amitié avec les Tchèques et de son rapport avec son pays d’adoption...
« Il leur a donné des noms tchèques. Il était extrêmement fidèle, et à la France, et à la Bohême. Il connaissait d’ailleurs le tchèque, le russe, l’allemand. »
Je suppose que ses œuvres sont aujourd’hui étudiées par les géologues et les paléontologues à travers le monde...
« En effet, ce sont des œuvres universellement connues. Ses ouvrages ont été publiés en petit nombre d’exemplaires et sont réparties dans les universités du monde. Il en a fait don, d’ailleurs, il n’a jamais fait payer qui que ce soit la publication de ses œuvres. Mais il était financé par le comte de Chambord. Les ouvrages en eux-mêmes sont assez colossaux au niveau du volume. Mais il a sorti environ 200-250 exemplaires. »
Et il en publiait un par an à partir de l’âge de 60 ans !
« Oui, il n’arrêtait pas ! »