Josef Capek

Josef Capek
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On a toujours parlé beaucoup plus de Karel Capek que de son frère Josef. Pourtant, il était aussi bien que son cadet, une personnalité extraordinaire. Peintre excellent, journaliste, poète et écrivain de talent, il est inoubliable également pour sa prose pour enfants, surtout son Récit sur le chien et le chat (Povidani o pejskovi a kocicce). Injustement, il restera pour toujours dans l'ombre de Karel Capek.

Né le 23 mars 1887, à Hronov, dans la région de Trutnov en Bohême du nord, il passe une enfance plus ou moins identique à celle de son frère cadet et de sa soeur Helena. La maman appellera Josef - Petcha, petit nom qui sera partagé par ses proches toute la vie du peintre - écrivain. Déjà, enfant, il essaie de peindre pour imiter son père qui, médecin de profession, aime s'adonner à la peinture, loisir reposant. Mais, écrire le passionne également. A plus ou moins dix ans, Josef s'invente une histoire qu'il pense bien coucher sur papier. Il s'agit d'un garçon qui part chercher de l'or en Alaska. Après avoir vécu une vraie aventure pleine de danger, il rentre chez lui en homme très riche. Cette histoire un peu kitsch, mais surprenante pour un si jeune garçon, ne fait que deux pages. Josef abandonne et se lance dans la poésie. Il choisit des sujets patriotiques sur les héros d'antan. Mais, par rapport à son frère c'est un très mauvais élève. Il termine ses études à l'école professionnelle de tissage à Vrchlabi, ville au pied des monts des Géants.

L'art le plus modeste
Ensuite, Josef travaille dans la même région comme tisserand, serrurier et monteur dans les ateliers de tissage, propriété du riche industriel F.M. Oberländer. En été 1904, grâce à un ami proche, il a l'occasion d'assister à un stage de six semaines chez le célèbre peintre Alois Kalvoda. L'artiste remarque le talent du jeune homme et lui conseille de se consacrer à la peinture. J. Capek n'hésite pas et passe les examens à l'Ecole supérieure des arts décoratifs de Prague. Son frère Karel arrive dans la capitale trois ans plus tard pour étudier à la faculté des lettres de l'Université Charles. Les frères Capek habitent ensemble à Prague, puis à Paris. Josef est fasciné par l'art des peuples primitifs. Quelques années plus tard il écrira deux livres à ce sujet : L'art le plus modeste (Nejskromnejsi umeni) et L'art des peuples de la nature (Umeni prirodnich narodu). A son retour à Prague, il entre dans le monde littéraire par le récit Tentation du frère Tranquill (Pokuseni bratra Tranquilla) qu'il écrit avec son frère Karel. Ils écriront et travailleront ensemble à la rédaction du quotidien Lidové noviny, jusqu'à la moitié des années trente, mariage de Karel avec l'actrice et écrivain Olga Scheinpflugova. Josef continuera à travailler à la rédaction jusqu'au jour de son arrestation, en septembre 1939. Mais, le chemin des deux frères se sépare sur le plan professionnel.

Josef, qui est membre du Groupe des artistes plasticiens et du groupe artistique Manes, cofonde en 1918 avec Jan Zrzavy et d'autres peintres connus le groupe les Opiniâtres (Tvrdosijni). Vers la fin des années vingt, l'artiste épouse Jarmila Pospisilova. Le couple habite dans l'appartement des parents avec Karel. On voit bien que les deux frères sont vraiment inséparables ! Josef continue à écrire, mais sa vraie passion c'est la peinture. Art auquel il se consacre régulièrement et avec ardeur. Par contre sa vie privée est assez étrange. Le mariage semble harmonieux, mais d'après le témoignage de sa femme Jarmila c'était un homme froid, replié sur lui-même, ne manifestant jamais ses sentiments. D'ailleurs, les époux se vouvoyaient et se parlaient avec le plus grand respect, tout à fait comme deux étrangers. Même envers sa fille le peintre - écrivain a une approche plutôt distante. Ce qui se passait à l'intérieur de la personnalité de Josef baignera à jamais dans la plus grande obscurité.

Dès le début des années trente, Josef publie dans Lidove noviny des dessins antifascistes. Par exemple une colombe avec une brindille au bec, poursuivie par des avions de chasse et portant l'inscription : A qui le vainqueur ! Ou alors encore une colombe morte, gisant sur une glace flottante au milieu d'une mer déchaînée. Il s'agit en fait de trois cycles de dessins intitulé A l'ombre du fascisme (Ve stinu fasismu), les Bottes du dictateur (Diktatorske boty) et Modern Times. Surtout le dernier des trois cycles est une mise en garde contre la Deuxième Guerre, menaçant déjà l'Europe. Le décès de son frère, en 1938, le touche beaucoup. Neuf mois après, Josef est arrêté et déporté à Dachau, puis passe par plusieurs camps de concentration pour terminer le cours de sa vie à Bergen-Belsen près de Hannovre. Peu avant la libération, une épidémie de fièvre typhoïde éclate, et c'est à ce moment que la trace de Josef se perd. Personne ne l'a vu mort, son corps n'a jamais été retrouvé. Mais, l'anniversaire de sa naissance est classé dans les anniversaires de l'UNESCO.

Il est à noter, qu'entre le décès de son frère et son arrestation, il a créé plusieurs centaines de dessins et près de 70 huiles en deux cycles : le Feu (Ohen) et le désir (Touha).

Le Musée des frères Capek se trouve à Male Svatonovice au pied des monts des Géants. On y retrouve non seulement les oeuvres des deux frères - illustrations, poèmes, tableaux - mais également des objets personnels comme par exemple des tasses à café, crayons, agenda, un petit cendrier...