Josef Mysliveček, le compositeur mystérieux

Josef Mysliveček

Dans notre nouvelle émission du dimanche musical, nous allons revenir au XVIIIe siècle, siècle de transition entre le baroque et la période classique. C’est précisément à cette époque que vécut Josef Mysliveček, un des compositeurs tchèques les plus prolifiques, qui a gagné en renommée en dehors des frontières de la Bohême.

Josef Mysliveček | Photo: Wikimedia Commons,  public domain
Né à Prague, le 9 mars 1737, rien ne prédestinait Josef Mysliveček, fils de meunier, à devenir musicien et compositeur. Son père, Matěj Mysliveček, était propriétaire de deux moulins situés dans la vallée Šárecké údolí près de Prague ainsi qu’au centre sur le pont dormant de Novotného lávka. Malgré la reprise imminente des propriétés de son père, Josef Mysliveček s’éprend très tôt du son des violons, des hautbois et des cors d’harmonie. La musique devient pour lui une échappatoire secrète. Près de dix ans après la mort de son père, il publie en 1760 de façon anonyme ses premières symphonies, représentant les six premiers mois de l’année.

Josef Mysliveček, le compositeur libre et nomade

C’est en 1763, que Josef Mysliveček, 26 ans alors, défiera complètement son destin tout tracé, en laissant les propriétés pragoises à son frère jumeau. Il décide de prendre la route en direction du pays de l’opéra, l’Italie. Il obtient une bourse du comte Vincent von Waldstein à Venise et y étudie la composition avec Giovanni Battista Pescetti. Dès 1766, son opéra Semiramide est accueilli avec succès à Bergame, au Teatro di Citadella. Un an plus tard, c’est le Teatro di San Carlo à Naples qui ovationne son opéra Il Bellerofonte. Dès lors, ne voulant se soumettre à aucune autorité, Josef Mysliveček ne se sédentarisera pas en un seul endroit, mais sillonnera les villes italiennes, pour ne citer que Turin, Milan, Florence ou Rome, au point d’être appelé par les Italiens « Il divino Boemo », soit « Le divin Tchèque». Acclamé à travers l’Europe, notamment à Vienne et à Munich, le succès de Josef Mysliveček durera près d’une douzaine d’années.

Josef Mysliveček, l’idole de W.A.Mozart

En raison de ce nomadisme, on en sait très peu sur la vie de Josef Mysliveček, qui ne semblait pas se préoccuper de ses ressources financières et vivait une vie de bohème. Il compose au total vingt-sept opéras, près de dix oratorios, quatre-vingt-deux symphonies, concertos et musiques religieuses.

Précisons que cette semaine a notamment eu lieu la première du documentaire du réalisateur tchéco-français, Petr Vaclav, « Confessions d’un oublié » (Zpověď zapomenutého), qui relate le récit de la vie italienne de Josef Mysliveček, ainsi que l’épisode de l’amitié qu’il noue avec Wolfgang Amadeus Mozart. Car c’est précisément ce dernier qui cherche à rencontrer Josef Mysliveček à Bologne en 1770, afin de lui demander conseil pour la création de son premier opéra. Wolfgang Amadeus Mozart a alors 14 ans, Josef Mysliveček en a 33. Par la suite, ils se rencontreront encore à trois reprises. Certains musicologues estiment que c’est peut-être bien grâce aux compositions de Josef Mysliveček, que l’on retrouve une certaine mélodicité tchèque dans les œuvres de Mozart, qui cultivait un grand respect pour son collègue.

Olimpiade,  photo: Théâtre national
Josef Mysliveček présente la première de son opéra L’Olimpiade, composé sur le livret de Pietro Metastasio, le 4 novembre 1778 au Théâtre San Carlo à Naples. Cet opéra, qui n’avait plus jamais été repris, a été sorti des oubliettes par l’ensemble musical Collegium 1704, et son chef d’orchestre Vàclav Luks qui a renouvelé cet opéra en 2013, soit 235 ans après sa première. Le documentaire « Confessions d’un oublié » retrace également les répétitions musicales de l’ensemble Collegium 1704.

Atteint de syphilis ou ayant contracté la gangrène après un accident de la route, comme l’affirment d’autres sources, Josef Mysliveček, défiguré par la perte de son nez, termine ses derniers jours à Rome dans la pauvreté et la solitude, où il meurt le 4 février 1781.