Josef Suk, un virtuose du violon, est décédé

Josef Suk

Décédé dans la nuit de mercredi à jeudi, le violoniste Josef Suk, s’en est allé rejoindre ses prestigieux ancêtres. Il était en effet l’arrière-petit-fils d’Antonín Dvořák et le petit-fils de Josef Suk, deux compositeurs de génie qui ont tout deux œuvré à la grandeur de la musique tchèque. Né en 1929 à Prague, Josef Suk a su mettre en exergue cet héritage musical, et s’est révélé l’un des meilleurs interprètes des œuvres de ses aïeux. Ils sont nombreux, aujourd’hui à pleurer la disparition de cet homme de 81 ans.

Josef Suk
La directrice de l’orchestre de chambre de Suk, évoque ainsi la perte d’un homme qui n’était pas seulement « un grand artiste, mais aussi quelqu’un de complet, extrêmement talentueux, érudit et travailleur ». Le violoniste Pavel Šporcl, qui a beaucoup appris au contact de Josef Suk, parle lui, « du départ d’un homme merveilleux, entré dans la légende et qui connaissait le monde entier. »

Josef Suk
Et en effet, il ne comptait plus les concerts donnés aux quatre coins du monde. La renommée du son généreux et pur de son stradivarius était internationale. Interprète des plus grands, qu’il s’agisse de Mozart, Beethoven, Händel ou encore Bartók, il ne cachait pas sa préférence pour les compositions de son grand-père et de son arrière-grand-père, dont il disait que la musique lui parlait au cœur. Mais on ne devient pas l’un de meilleurs virtuoses de son pays par la seule opération du Saint-Esprit, et si l’environnement familial a bien évidemment eu une influence majeure sur le destin de Josef Suk, celui-ci considère que certains évènements de son enfance ont été déterminants :

« Je me rappelle, bien que j’avais à cette époque quelque chose comme cinq ans, que mon grand-père avait rendu visite à sa famille vivant à Křečovice et qu’il m’avait offert un petit violon pour enfant. Cela m’a procuré une telle joie ! Et je ne l’ai pas lâché de nombreux jours durant. Cela m’amusait beaucoup mais, évidemment, je ne jouais rien de vraiment concret. Et je me suis mis à apprendre le violon un an après la mort de mon grand-père. »

C’est un autre virtuose, Jaroslav Kocián, dont il devient le disciple, qui va faire éclore et mûrir son talent :

« Probablement l’année suivante, j’ai eu l’occasion de jouer un morceau avec Jaroslav Kocian, qui nous rendait souvent visite à Křečovice. Rapidement, il fut décidé que je me rendrai régulièrement suivre les cours du professeur Kocián. Après trois ans, je jouais, avec Kocian au piano – il faut dire que c’était aussi un remarquable pianiste – je jouais mon premier concert à Sedlčany. Et je suis resté l’élève de Kocián jusqu’à sa mort en 1950. »

Josef Suk ne ratait pas une occasion de rendre hommage à son mentor. Il refuse tout d’abord de participer à des concours internationaux, et ce n’est qu’en 1959 qu’il obtient son premier prix, le Grand prix de l’Académie Charles Cros à Paris, en commun avec le pianiste Jan Panenka. C’est également en collaboration avec ce dernier qu’il participe au rayonnement international de l’orchestre de chambre du Trio Suk. Dès 1961, il est nommé soliste à l’Orchestre philharmonique tchèque et commence alors une fructueuse carrière internationale.

On lui a parfois reproché d’utiliser un style par trop romantique, à l’instar de son grand-père, souvent inspiré par le thème de l’amour. Mais Josef Suk aura surtout marqué son public par la musicalité de ses prestations. Titulaire d’innombrables prix et décorations – il est par exemple fait chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur, Josef Suk avait mis fin à sa carrière en l’an 2000. Il aura contribué au prestige de la musique tchèque et à l’éclosion de nouveaux talents, qu’il n’a cessé d’encourager tout en les appelant à plus d’humilité.