Journée internationale (des droits) des femmes

L'ambassade de France à Prague a accueilli le Lobby tchèque des femmes, photo: Facebook de Česká ženská lobby

Vendredi dernier, veille de la Journée internationale des femmes, l’ambassade de France à Prague a accueilli le Lobby tchèque des femmes (Česká ženská lobby) pour une conférence dédiée à la problématique des droits des femmes en République tchèque. Les conférencières ont ainsi abordé plusieurs thèmes d’actualité comme la participation à la vie politique, la conciliation des vies professionnelle et familiale ou les violences à l’égard des femmes. L’occasion pour Radio Prague d’évoquer les principaux défis dans leurs domaines d’intérêt respectifs.

Jana Smiggels Kavková,  photo: Facebook de Česká ženská lobby
La Journée internationale des femmes, discréditée par le régime communiste, est passée relativement inaperçue en République tchèque. Pourtant, la présidente du Lobby tchèque des femmes et du Forum 50%, Jana Smiggels Kavková, préfère parler de la Journée internationale des droits des femmes. Elle souligne qu’il s’agit là d’une occasion de se mobiliser en faveur des droits des femmes et de pointer du doigt les lacunes persistantes à cet égard. Jana Smiggels Kavková résume :

« L’entrave principale à l’égalité entre les sexes réside dans l’absence des femmes dans les processus décisionnels, que ce soit en politique, dans l’administration ou dans le secteur privé. Les femmes en République tchèque sont très actives dans les échelons plus bas de la politique. Il y a aussi une grande proportion de femmes qui exercent une activité professionnelle. Néanmoins, elles n’ont qu’un impact limité sur la prise de décisions. C’est ce qui fait que la République tchèque n’excelle pas dans les classements relatifs à l’égalité des genres. »

Par ailleurs, dans le classement du Forum économique mondial (WTE) concernant l’égalité femmes-hommes de 2013, la République tchèque a rétrogradé de la 73e à la 83e place notamment en raison de l’exclusion des femmes de la politique et des inégalités sur le marché du travail.

L'ambassade de France à Prague a accueilli le Lobby tchèque des femmes,  photo: Facebook de Česká ženská lobby
Concernant ce dernier point précis, des nombreux aspects peuvent être analysés comme les écarts salariaux ou la longueur et le partage du congé parental. Avec Nina Bosničová de l’association Gender Studies, Radio Prague a abordé la problématique du travail à temps partiel comme moyen de concilier vie familiale et vie professionnelle. En effet, le Code du travail tchèque stipule que, sauf en cas d’entraves graves au fonctionnement de l’entreprise, l’employeur est tenu de proposer un contrat à temps partiel à toute personne qui le demande et qui s’occupe d’un mineur âgé de moins de 15 ans ou d’une personne âgée. Par rapport aux autres pays européens, le travail à temps partiel reste un choix minoritaire en République tchèque, représentant même moins de 8% des contrats. Mais c’est un phénomène largement féminisé qui risque de contribuer à la précarisation de la situation de ces femmes. Nina Bosničová :

Nina Bosničová,  photo: Facebook de Česká ženská lobby
« Il y a bien sûr les risques liés aux contrats à temps partiel. D’abord, les salaires en République tchèque ne sont pas assez élevés pour que le salaire diminué par le temps partiel suffise pour vivre. Les femmes qui optent pour ces dispositifs le font souvent pour maintenir une continuité de carrière. Ensuite, il y a un autre problème, c’est que l’employeur n’arrive pas à déterminer le volume de travail adéquat pour les horaires réduits et demande souvent à la personne de travailler plus. Parfois, ces employées sont même privées de tous les avantages, comme les tickets-restaurant. Et ce malgré le fait que la loi prévoit la réduction de ces bénéfices mais en aucun cas leur suppression totale. Enfin, le travail à temps partiel réduit les chances de montée professionnelle, car en choisissant ce type de contrat, la personne montrerait que la carrière n’est pas si importante pour elle. »

Par rapport aux résolutions votées lors du premier Congrès des femmes, qui s’est tenu en juin 2013, les avancées ont été minimes dans tous les domaines évoqués à la conférence de vendredi dernier. Néanmoins, la Journée internationale des droits des femmes a été l’occasion de rappeler ces résolutions avant le prochain Congrès des femmes qui se tiendra en juin prochain.