Judo : à Prague, des championnats d’Europe sans public, mais avec Krpálek quand même
Les championnats d’Europe de judo ont démarré à Prague ce jeudi, avec le champion olympique Lukáš Krpálek en vedette. Mais faute de public en raison de la crise sanitaire, ce ne sera pas, trois jours durant, la fête espérée.
Cet Euro aurait dû être une grande fête du judo à Prague. Un des grands rendez-vous sportifs de l’année aussi en République tchèque, quelques semaines avant d’embarquer pour Tokyo. Initialement programmés début mai, ces championnats d’Europe, qui auraient dû servir de répétition générale avant les Jeux olympiques, ont d’abord été décalés une première fois à juin, puis finalement donc à ce mois de novembre. A la différence de la première vague du printemps, la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus n’empêche cette fois plus leur organisation.
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Mais ce samedi, lors du dernier des trois jours de compétition, 17 000 spectateurs ne rempliront pas l’O2 Arena comme ils l’auraient fait en temps normal pour voir à l’œuvre Lukáš Krpálek dans la catégorie reine des +100 kilos. Celui qui est tout à la fois champion olympique en titre des -100 kilos et champion du monde et d’Europe en titre des +100 kilos est bien là, certes, et il visera bien le septième titre dans un grand championnat international de sa carrière. Mais ne cherchez pas à voir la figure de l’un des meilleurs sportifs tchèques de ces dernières années s’afficher en grand dans les rues ou le métro de la capitale. Cela tient du bon sens : à quoi bien inviter le public, puisqu’il ne peut pas venir ? Une question que se poserait presque aussi le principal intéressé, Lukáš Krpálek :
« Je suis moi-même habitué en compétition à encourager les autres Tchèques. Cette fois, ce ne sera malheureusement pas possible. Nous serons confinés dans notre bulle à l’hôtel et il nous faudra nous contenter de la télévision pour suivre les autres tournois que le nôtre. C’est comme ça, il faut s’y faire en attendant que les choses reviennent à la normale. Je préfère positiver et me dire que c’est une bonne chose que ces championnats d’Europe à Prague puissent au moins se tenir. Même sans le public, l'organisation en République tchèque fait que ça reste un événement à part. Je pense pouvoir parler au nom de tous, nous donnerons le maximum de nous-mêmes. »
De ce qui s’est donc transformé en une fête entre intimes du petit monde du judo, Krpálek aurait pu ne pas en être. Testé positif au Covid-19 cet automne, le meilleur judoka tchèque de l’histoire avoue avoir quelque peu souffert des effets de la maladie lors du récent stage de préparation de la sélection tchèque en Turquie :
« Ce camp d’entraînement a servi de reprise pour la plupart d’entre nous après la pause Covid puisque nous étions plusieurs à avoir été testés positifs. Ces championnats d’Europe sont ma première grande compétition depuis onze longs mois et je suis curieux de savoir où j’en suis. C’est à Prague et je ne peux pas avoir d’autre ambition que de gagner. Mais il y a forcément un point d’interrogation au-dessus de mon niveau de forme, je n’ai pas beaucoup de repères. Le Covid n’a pas facilité les choses. J’étais beaucoup plus fatigué que normalement avec aussi quelques maux de tête. J’espère néanmoins être prêt à faire bonne figure. »
Lukáš Krpálek a beau avoir les épaules (très) larges, il espère néanmoins que les espoirs tchèques de médailles continentales ne reposeront pas uniquement sur les siennes. Onze autres judokas tchèques sont en lice à Prague en cette fin de semaine, et lui se dit curieux des performances notamment de Renata Zachová, 20 ans et toute fraîche championne d’Europe juniors dans la catégorie des -63 kilos :
« Elle a déjà confirmé en début d’année au Grand Prix de Tel-Aviv (médaillée de bronze) qu’elle avait le potentiel pour faire partie de l’élite y compris chez les seniors. Elle a récemment démontré début novembre aux championnats d’Europe à Porec (Croatie) qu’elle comptait parmi les meilleurs juniors. Et j’espère bien sûr qu’elle en apportera une nouvelle preuve encore un niveau au-dessus ici à Prague. »
Et à la différence d’un Krpálek que sa présence aurait transcendé, l’absence du public et ainsi donc une moindre pression serviront paradoxalement peut-être les intérêts des autres judokas tchèques.