Konaté : « Fier d’avoir contribué au parcours du Sparta en Ligue Europa »

Tiémoko Konaté, photo: ČTK

Avec le défenseur zimbabwéen Costa Nhamoinesu et l’attaquant nigérian Kehinde Fatai, Tiémoko Konaté est un des trois joueurs africains figurant dans l’effectif du Sparta. Arrivé à Prague en 2012 en provenance de sa ville natale d’Abidjan, le milieu de terrain ivoirien de 26 ans a participé cette saison à l’aventure du plus célèbre des clubs tchèques de football en Ligue Europa. Jeudi dernier, dominé devant son public par les Espagnols de Villarreal (2-4), le Sparta a quitté la scène européenne au stade des quarts de finale. A l’issue du match, très disponible malgré le froid et visiblement ravi de pouvoir répondre à des questions en français, Tiémoko Konaté est longuement revenu au micro de Radio Prague sur ce qui, au-delà de l’élimination somme toute logique, reste une des meilleures performances de l’histoire du club pragois en coupes d’Europe.

Tiémoko Konaté,  photo: ČTK
« C’est vraiment une déception. Bien sûr on a essayé de jouer pour arriver en finale, mais voilà, c’est le football. Nous avons manqué beaucoup d’occasions en première mi-temps, dans les premières minutes. Ensuite cela a été difficile, on a pris trois buts en première mi-temps. »

Ce but dès l’entame de match vous a fait très mal…

« Bien sûr, nous espérions ne pas prendre un but aussi tôt. Cela nous a vraiment coupé les jambes. Ensuite, nous encaissons un deuxième but… Nous avons essayé de retrouver le moral en deuxième mi-temps, mais à 4 à 0, il était un peu trop tard. Il ne nous restait plus alors qu’à jouer pour l’honneur et c’est ce que nous avons essayé de faire. »

Vous avez pris les deuxième et troisième buts juste avant la mi-temps (43e et 45e minutes). Sur le terrain, dans un match comme celui-là, on imagine combien c’est difficile, d’autant plus que Villarreal a tiré trois fois au but en première mi-temps et a marqué trois fois. Que vous a dit l’entraîneur à la mi-temps ?

« Son rôle a vraiment été important dans les vestiaires. Il a vraiment trouvé les mots justes. Il nous a dit simplement : ‘Ecoutez les gars, on a gagné des matchs, on a gagné face à la Lazio, on a gagné face à Krasnodar. Est-ce que quelqu’un nous attendait à ce stade de la compétition ? Ce n’est que la première mi-temps… Allez-y, faites-vous plaisir !’ Il a eu les mots justes pour nous motiver. Et je pense que nous avons mieux joué en seconde mi-temps. »

Même si vous en encaissez un quatrième dès l’entame de cette deuxième mi-temps. Et là, tout le monde se dit que l’affaire va tourner à la catastrophe…

« Oui, oui… C’est vrai. Mais nous, les joueurs, nous sommes parlé et nous sommes dit qu’il fallait juste profiter du match. C’était quand même un quart de finale de coupe d’Europe et qui sait si nous aurons l’occasion dans notre carrière d’en jouer un deuxième ? L’objectif était de bien finir en nous faisant plaisir. »

Quand vous marquez vos deux buts presque coup sur coup (65e par Dočkal et 71e par Krejčí), que vous dites-vous alors qu’il reste encore une vingtaine de minutes à jouer ?

« Même si on sait que l’on ne peut plus se qualifier, on croit toujours qu’on peut sinon gagner le match, au moins faire un résultat nul et sauver notre honneur chez nous. On a retrouvé de la confiance, on a eu des occasions, mais le troisième but n’est pas venu… »

Sparta Prague - Villarreal,  photo: ČTK
Le public ne vous a jamais abandonné…

« Le public a toujours été comme ça. Ce n’est pas nouveau. Les gens savent que c’est le football : aujourd’hui tu gagnes, demain tu perds. Il faut l’accepter et rester fair-play. »

Le match aller aurait pu ou dû se terminer avec une avance beaucoup plus large pour Villarreal. Peut-on donc dire que les buts que les Espagnols n’ont pas marqués chez eux, ils l’ont inscrit aujourd’hui avec la réussite qu’ils n’ont pas eue au match aller ?

« C’est vrai, mais nous aussi avons eu pas mal d’occasions nettes aujourd’hui en début de match. On ne va pas s’attarder là-dessus, mais si on avait pu marquer, qui sait ce qui se serait passé ? Villarreal a été efficace ce soir. Ils ont gagné et il faut les féliciter. »

Avec le recul, ne vous dites-vous pas que Villarreal était peut-être l’adversaire le plus difficile sur lequel vous pouviez tomber pour ces quarts de finale ? C’était quand même du très haut niveau...

« Non, honnêtement, nous n’avions pas peur. Mais nous avions beaucoup de joueurs blessés ou suspendus. Il nous manquait toute notre défense centrale aujourd’hui… Bon, ça fait partie du jeu et cela ne nous a pas empêchés de joueur sans crainte. Eux, c’est Villarreal, nous, nous sommes le Sparta ! Il fallait jouer et profiter de ces deux matchs, on n’avait rien à perdre. OK, le résultat n’est pas positif au bout du compte, mais ce n’est pas la fin du monde. »

Les nombreuses absences ont fait que vous avez occupé pratiquement le poste de latéral droit. Même si on vous a vu souvent en position d’ailier, c’est un poste qui semble plutôt bien vous convenir.

« Je ne suis pas vraiment arrière droit. C’est le système qui veut ça. Quand le ballon est à gauche, je coulisse. Je dois certes aider la défense, mais mon rôle est de prendre tout le couloir. C’est ce que j’aime : prendre les espaces, et même si aujourd’hui il fallait aussi rendre quelques services derrière en raison des absences. »

Quel souvenir garderez-vous de ce parcours en Ligue Europa ? L’été dernier, lorsque le Sparta a été éliminé dès le 3e tour préliminaire de la Ligue des champions par le CSKA Moscou, personne ne vous imaginait aller aussi loin dans cette compétition.

« C’est une grande joie et ce sont des moments inoubliables. C’est la première fois que le club arrive à ce niveau-là en Ligue Europa. Je suis fier d’avoir participé et contribué à ce parcours. Même si on est un peu déçus ce soir, personne ne nous attendait là. On verra maintenant ce que cela donnera pour le futur. »

Tiémoko Konaté,  photo: ČTK
Que vous a dit votre compatriote Eric Bailly (défenseur central de Villarreal) à la fin du match ?

« Il a essayé de me remonter le moral, mais je lui ai répondu qu’ils avaient été meilleurs et que c’était le football. C’est tout… »

Vous n’êtes pas toujours titulaire au Sparta. Comment envisagez-vous votre avenir ?

« Pour le moment, je suis là et c’est encore trop tôt pour parler de ça. Je profite du temps de jeu que l’on me donne, on verra après pour le reste. »

La coupe d’Europe, c’est maintenant fini. Reste le championnat, où le Sparta possède un retard relativement important sur le leader Plzeň avant sa réception à Prague dimanche (11 points après ce week-end et avec un match en retard). Comment abordez-vous ce rendez-vous ?

« Le match contre Plzeň sera primordial. Il faut qu’on le gagne pour garder une chance d’être champions. Mais Plzeň est actuellement sur un nuage. Ils ont gagné tous leurs matchs depuis la reprise. Moralement et physiquement, ils sont au top. Le championnat se jouera lors de ce match contre Plzeň. »