Kouřim, une des premières cités slaves et centre astronomique de l’Europe

Direction Kouřim, une ville de 1 800 habitants située à 30 kilomètres à l’est de Prague. Il existe plus d’une raison de visiter Kouřim : une des plus importantes cités slaves se trouvait à cet emplacement au VIIe siècle. Kouřim est réputée pour sa cathédrale gothique Saint-Étienne, ses fortifications médiévales, son musée d’architecture populaire en plein air, et aussi pour être le centre astrologique de l’Europe, là où le 15e méridien et le 50e parallèle se croisent. Radio Prague s’est rendue sur place pour s’entretenir avec Radka Jirkovská, responsable de l’Office du tourisme :

« Kouřim est un site important de par sa place dans l’histoire, bien que petit de par ses dimensions. C’est un site qui abonde en monuments, un site à la fois chargé d’histoire et parfaitement vivant. Une commune à portée de vue de Prague mais dont la devise principale est le calme. Une destination idéale pour les excursions grand public, toutes générations confondues… »

L’histoire de Kouřim est liée aux débuts de l’installation des Slaves dans les pays tchèques. Les tribus slaves arrivent au VIe siècle. Tandis que l’ancêtre mythologique Čech, patriarche de la nation tchèque, a amené ses tribus au sommet du mont Říp, son frère Lech, fondateur de la Pologne, a choisi d’établir les siennes quelques dizaines de kilomètres plus à l’est, dans la localité de Kouřim, baptisée ainsi d’après la fumée – « kouř » en tchèque. Une immense pierre monolithique appelée la pierre de Lech reste aujourd’hui encore le symbole mythique du peuplement de Kouřim. Mais il n’y a pas que la légende de Lech qui est reliée à la ville, observe Radka Jirkovská:

« Une autre légende dont les habitants de Kouřim sont fiers à juste titre est celle de l’affrontement du prince de Kouřim Radslav avec le prince Venceslas de la dynastie des Přemyslides. Difficile de dire avec certitude si cet affrontement a bien eu lieu. Le plus important est l’hypothèse suivante : que se serait-il passé si l’affrontement avait bien eu lieu et si le prince de Kouřim en était sorti vainqueur ? S’il en avait été ainsi, Prague ne serait pas devenue ce qu’elle est, mais ce serait vraisemblablement Kouřim. » (rires)

Une importante cité slave appelée « La Vieille Kouřim » a vu le jour à cet emplacement au VIIe siècle. La fondation de la ville royale de Kouřim remonte quant à elle au XIIIe siecle. C’est de cette époque que date la construction d’un important système de fortifications doublées, avec des tours, des bastions, des créneaux et des portes. La promenade sur les remparts est romantique et les vestiges des fortifications donnent à la ville un aspect magique, détaille Radka Jirkovská :

« Les fortifications sont l’unique monument de Kouřim inscrit au patrimoine culturel national. Sur les quatre portes d'origine, une seule a été sauvegardée. La tour à deux étages construite à la fin du XIIIe siècle en forme de prisme fait partie des constructions les mieux préservées en Europe centrale. La première mention écrite de Kouřim remonte à 1261. Dès lors, la cité a servi d’exemple à d’autres villes fortifiées en train de naître. Le tronçon des remparts est long de 1 250 mètres et un sentier didactique y a été aménagé. »

La cathédrale Saint-Étienne, qui crée le panorama typique de Kouřim, a été érigée elle-aussi au XIIIe siecle. On écoute notre guide :

La cathédrale Saint-Étienne
« La place médiévale a pour dominante la cathédrale Saint-Étienne, une construction de style gothique précoce tout-à-fait rare dans l’architecture d’Europe centrale. Une autre rareté se cache à l’intérieur de l’église, à savoir la crypte Sainte-Catherine. Ce qui lui confère son originalité, c’est que tout cet espace s’appuie sur une seule colonne centrale octogonale. On y admire des fresques du XVe siècle récemment restaurées. Le clocher, haut de 34 mètres, a été érigé en 1525 pour symboliser la richesse de la cité royale de Kouřim. A l’origine, cinq cloches y étaient accrochées de façon tout-à-fait inhabituelle, leur battant étant tourné vers le haut. »

Aujourd’hui, Etienne et Marie sont les deux cloches baroques qui ont été sauvegardées. On ignore pourquoi elles sont accrochées dans le sens inverse. Selon une légende, c’est l’empereur Ferdinand qui aurait ordonné de les accrocher de la sorte, vexé que les cloches n’aient pas sonné lors de son arrivée dans la cité. Selon une autre hypothèse, les cloches représentent le calice, symbole du mouvement hussite.

L’âge d’or de Kouřim se situe au XVe siècle, lorsque la cité rivalisait de par son importance avec les villes de Prague et Kutná Hora. Les hussites qui s’y sont réfugiés avant la bataille de Lipany ont beaucoup nui à l’image de la ville. Celle-ci a le plus souffert au XVIIe siècle, durant la Guerre de Trente ans suivie d’une épidémie de peste. Après un incendie dévastateur qui a ravagé le centre-ville au début du XIXe siecle, Kouřim ne s’est jamais remise de ses pertes.

Le bâtiment de l’ancienne mairie médiévale, au milieu de la place centrale, abrite le musée de Kouřim. Les salles d’exposition présentent des objets vieux de plus de mille ans provenant de fouilles archéologiques. Les premiers colons sont arrivés dans la région vers 3 000 avant Jésus-Christ.

Les visiteurs de Kouřim sont par ailleurs attirés par le musée en plein air qui a ouvert ses portes en 1972 et qui les familiarise avec l’architecture populaire de Bohême : maisons à colombage, campaniles, croix et sculptures.

Une autre curiosité de Kouřim est son titre de centre de l’Europe, un privilège que se disputent plusieurs communes tchèques mais qui n’appartient en réalité qu’à Kouřim, comme l’observe Radka Jirkovská:

« C’est ici, le centre géographique de l’Europe, le lieu où se croisent le 15e méridien Est et le 50e parallèle Nord. Mais il est vrai que le point de jonction se trouve en dehors de la ville. »

Le centre astronomique du continent européen se trouve dans un champ, à moins de deux kilomètres de Kouřim, à proximité de la pierre de Lech. La société astronomique tchèque a effectué des mesures le 23 septembre 1995, soit le jour de l’équinoxe d’automne. Depuis le 25 novembre 2010, un monument en forme de globe terrestre marque l’endroit où se trouve le centre astronomique de l’Europe…

Une autre curiosité de Kouřim est que la cité et son musée en plein air attirent les cinéastes. Plus d’une dizaine de films et contes de fées y ont été tournés. Dernièrement c’était une série télévisée tirée du roman humoristique éponyme de Karel Poláček « Nous étions cinq ».

Le centre historique de Kouřim se prête à l’organisation de diverses manifestations, comme, pour la 17e fois en 2010, les Journées européennes du patrimoine. Et les projets à l’avenir de Radka Jirkovská ? On l’écoute :

« Mon rêve est de restituer, de rapprocher la cité de Kouřim. La Vieille Kouřim, c’est en fait la localité du peuplement slave d’origine. Le lieu fortifié de la tribu des Zličané était l’un des plus importants à l’époque. Aujourd’hui, c’est un lieu de promenades, avec un sentier didactique récemment ouvert. On y voit des remparts, des fortifications. Compte tenu de l’importance de cette localité, ma vision est d’en faire profiter à d’autres fins encore. Je crois pouvoir réaliser mon rêve et voir un jour ouvrir dans la localité de la Vieille Kouřim un archéoparc: parc d’attraction archéologique, site de loisirs, de balades et de culture, et musée vivant en plein air avec des démonstrations de métiers historiques et du mode de vie de nos ancêtres. »

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