Pour la première fois depuis 1648, quand elle a été prise par les troupes suédoises comme butin de guerre, la Bible dite du diable, créé en Bohême au XIIIe siècle, reviendra à Prague, le temps d'une exposition à la Bibliothèque nationale.
La Bible du diable, photo: CTK
Un poids de 75 kg, une taille de presque 1 mètre sur 50 centimètres, 624 pages, la couverture de bois - voilà la Bible du diable qui, en dépit de son nom, n'est pas un ouvrage occulte. De son nom latin Codex gigas, la bible a vu le jour au début du 13e siècle, au couvent des bénédictins à Podlazice, en Bohême centrale. Selon la légende, elle a été faite à la main par un seul moine, en une seule nuit. Condamné à être emmuré vif pour un péché, le moine a proposé de créer l'ouvrage pour l'expier. Il a promis de terminer le travail en une seule nuit, mais lorsqu'il a vu qu'il ne le réussirait pas, il a sollicité l'aide du diable. Par reconnaissance, il a glissé un portrait du diable dans le manuscrit, d'où son surnom. Créé sur parchemin et richement enluminée, la bible du diable est le plus grand manuscrit du monde. Zdenek Uhlir, historien et spécialiste en matière de manuscrits médiévaux de la Bibliothèque nationale de Prague :
Zdenek Uhlir
« Le Codex gigas inclut notamment la Bible, l'Ancien et le Nouveau Testament, ensuite la transcription de la chronique de Cosmas rédigée au XIIe siècle, le Necrologium du monastère de Podlazice, le manuel de confession, on peut dire que c'est toute une bibliothèque et non pas un seul livre. »
La Bible du diable
La bible, qui ne quitte presque jamais la Bibliothèque royale de Stockholm, sera exposée à partir de septembre prochain au Clementinum, ancien collège des jésuites et actuel siège de la Bibliothèque nationale de Prague, qui a négocié son prêt, depuis 2004 déjà. Vlastimil Jezek, le directeur de la Bibliothèque :
La Bible du diable
« Si on réalise que le Codex gigas n'a quitté le territoire de la Suède qu'à deux reprises, une fois pour New York, ensuite pour Berlin, il me semblait que la Bohême avait une prétention morale à ce que cet ouvrage lui soit prêté pour pouvoir être présenté au grand public. »
La bible avait été emportée à la fin de la Guerre de trente ans par les troupes suédoises, avec d'autres objets précieux provenant des fameuses collections de l'empereur Rodolphe II. La possibilité de restitution de ces objets liés à l'histoire de la Bohême a été évoquée, sans succès, dans les années 1990, par le président Vaclav Havel. Le prêt de la bible a été évoqué aussi par deux premiers ministres. Ce mardi, Mirek Topolanek a pu admirer la bible lors de sa visite à Stockholm. Le public aura cette possibilité pendant quatre mois, jusqu'à la fin de l'année.