La bibliothèque Václav Havel commémore les 30 ans du procès du VONS
Les 22 et 23 octobre 1979 se tenait devant le tribunal de la ville de Prague le procès de onze membres du VONS, le comité des personnes injustement poursuivies. Trente ans après, et alors que la République tchèque se prépare à commémorer les vingt ans de la révolution de velours, c’est un autre anniversaire, moins réjouissant, que la bibliothèque Václav Havel essaie de ne pas laisser tomber dans l’oubli, en présentant une exposition à la galerie du café Montmartre, dans la vieille ville de Prague.
Pendant ses premiers mois d’existence, le comité a défendu de nombreuses personnes injustement poursuivies en brandissant donc les différentes lois tchécoslovaques ou des accords internationaux que le régime omettait de respecter. Son objectif était avant tout de faire connaître ces différents cas de justice biaisée ou d’abus de pouvoir aux médias du monde entier. Un an et demi après la fondation du VONS, le régime attaque ses membres et les envoie devant le tribunal. C’est cette affaire que l’exposition entend présenter. On écoute Martin Putna, directeur de la bibliothèque Václav Havel :
« Cette année, on se remémore beaucoup le 20ème anniversaire de la révolution de velours. Et à cause de cela, on oublie un peu un autre anniversaire, qui est celui du 30ème anniversaire des procès du VONS. Le VONS, ou comité des personnes injustement poursuivies est une organisation qui voulait défendre les droits de l’homme. Et paradoxalement, le procès de ses membres est apparu comme le plus grand procès politique des années 70 et 80, et dix personnes ont été jugées et condamnées durement. Cinq personnes furent condamnées à la prison ferme. Il s’agit de personnalités importantes de la culture tchèque comme Václav Havel, Václav Benda, Petr Uhl, Otka Bednářová, et Jří Dienstbier. »
Effectivement, Havel, Benda, Uhl, Bednářová et Dienstbier écopèrent de peines allant de 3 à 5 ans de prison ferme. Mais finalement, le procès du VONS fut relativement contre-productif pour le régime. Martin Putna :
« Ce procès a eu un grand écho dans le monde entier, notamment dans le monde francophone. Patrice Chéreau mit en scène une sorte de reconstruction théâtrale qui s’est tenue à Paris, avec comme acteurs Yves Montand par exemple et d’autres personnalités de la vie culturelle française de l’époque. C’était donc une honte énorme pour le régime tchécoslovaque. »Préparée par les historiens Petr Blažek et Tomáš Bursík de l’Institut d’histoire contemporaine de l’Académie des sciences de République tchèque, l’exposition est constituée de documents, de photos, d’artefacts et de différents samizdats de cette époque. Un colloque a également rassemblé quatre des cinq condamnés, qui sont venus raconter la façon dont ils avaient alors vécu ce procès. Parmi eux, l’ancien Président de la République, Václav Havel :
« Je considère comme très bien et très important que l’on se rappelle de ces évènements, et surtout que des jeunes gens viennent ici pour aider à cultiver cette mémoire de la nation qui est importante car elle fait partie de l’identité de l’homme. »La galerie Montmartre présentera également un film documentaire sur ce sujet le 22 octobre prochain, soit exactement 30 ans jour pour jour après le début du procès.