Des textes méconnus de Václav Havel sur la Charte 77 retrouvés 40 ans après
Des documents sur la Charte 77, écrits sous forme de reportage par Václav Havel et considérés comme perdus, ont été retrouvés quarante ans après la publication de la pétition fondatrice du mouvement dissident en Tchécoslovaquie. Ce reportage, probablement rédigé par Václav Havel à l’été 1977, quelques semaines après sa sortie de prison, a été retrouvé dans les biens successoraux de l’écrivain Zdeněk Urbánek. Ancien homme politique, ami de l’ancien président et actuel directeur de la bibliothèque Václav Havel, Michael Žantovský a répondu aux questions de Radio Prague à propos de cette étonnante découverte.
Les écrits ont été retrouvés dans les biens successoraux de Zdeněk Urbánek, décédé en 2008, auquel Václav Havel avait une totale confiance ; il avait d’ailleurs caché d’autres écrits compromettants chez Urbánek, en raison d’éventuelles perquisitions à son domicile. Mais quel est le contenu de ces documents qui n’ont ressurgi que quarante ans après leur rédaction ? Michael Žantovský poursuit :
« Il s’agit d’un compte-rendu de ce qu’ont vécu Václav Havel et ses collègues dans les jours qui ont suivi la publication de la Charte 77, c’est-à-dire tous les interrogatoires, perquisitions, arrestations, les premiers jours à la prison de Ruzyně, ainsi que d’autres épisodes de cette histoire dramatique. »
Ces archives exceptionnelles complèteront et enrichiront les témoignages déjà existants sur l’atmosphère dans le pays à l’époque du durcissement du régime. Nous avons voulu en savoir davantage sur l’état d’esprit dans lequel ces pages ont été écrites par le dissident de l’époque, Václav Havel. Michael Žantovský explique :« C’est écrit dans l’esprit de Václav Havel. Ce n’est donc pas seulement un document historique très intéressant, c’est aussi un reportage littéraire brillant, imprégné d’un humour fin et absurde, un clin d’œil aux expériences vécues avec les enquêteurs ainsi qu’à ses propres impressions contradictoires. Car huit jours se sont écoulés entre la publication de la Charte 77 et le premier emprisonnement de Václav Havel. Il devait donc se douter, entre ces deux moments, qu’il finirait en prison. Mais rien ne se passait. D’un côté, cela l’angoissait, et d’un autre côté, il souffrait d’un sentiment d’incertitude. Il souhaitait en quelque sorte qu’on en finisse, qu’ils viennent le chercher. Son vœu a finalement été exaucé. »
Ce texte de 42 pages a été édité par la bibliothèque Václav Havel à l’occasion du 40e anniversaire de la Charte 77. Etant donné qu’il est encore incomplet, la bibliothèque a toutefois décidé de ne le publier qu’à petit tirage, 500 exemplaires qui ne seront pas disponibles en librairie. Pour l’instant, il manque encore une soixantaine de pages, comme l’explique Michael Žantovský :
« Václav Havel a dit une fois que son reportage contenait une centaine de pages environ. Ce que nous publions à l’heure actuelle, c’est un chapitre consacré à lui-même long de 42 pages. Il est évident qu’il existe encore une deuxième partie qui parle de sa vie en prison, c’est-à-dire de la période de quatre mois qui a suivi. Mais nous n’en disposons pas encore. »Toute personne intéressée aura la possibilité de consulter les archives internet de la bibliothèque, où le texte sera prochainement mis à disposition du grand public. La direction de la bibliothèque Václav Havel promet également de publier l’ensemble de ces textes inconnus, une fois qu’elle aura rassemblé l’intégralité des écrits de l’ancien dissident.