La bicyclette n’est pas encore la « petite reine » de Prague…
Prague, ville verte ? La capitale aux cent clochers a, semble-t-il, encore beaucoup d’efforts à faire en matière d’environnement. Les infrastructures cyclables restent notamment très restreintes et demandent à être étoffées. L’association pragoise Auto*Mat a d’ailleurs fait du développement des transports alternatifs l’un de ses chevaux de bataille. Pour les militants de cette organisation, plus que l’écologie, c’est la qualité de vie des habitants qui est en jeu. Or, face au manque de volonté politique et aux lobbys automobiles, les vélos ont bien du mal à trouver leur place dans les rues de la capitale tchèque. C’est ce constat amer qui pousse chaque année les jeunes adhérents d’Auto*Mat à engager des actions de sensibilisation auprès du public. Alors Prague à bicyclette, utopie ou réalité ?
« On dit que les très peu nombreux cyclistes revendiquent des aménagements pour eux-mêmes. Le développement des transports cyclables serait pourtant bénéfique à la ville entière. Ceci permettrait d’améliorer la situation dans les rues dans lesquelles il y a toujours des bouchons, des nuisances sonores, des émissions de gaz à effets de serre etc. La question des transports dans la ville c’est aussi une question d’économie de temps pour les usagers. Si vous vous déplacez en vélo, vous n’êtes jamais dans des bouchons. En voiture, vous êtes, en revanche, confrontés à ces problèmes tous les matins et tous les soirs. Les cyclistes n’occupent pas autant de place, les rues peuvent ainsi d’une certaine manière respirer. Des activités dans les rues pourraient ainsi être organisées. Ici, la vie dans les rues est très peu développée. Les Tchèques sont toujours à l’intérieur, « cachés » dans les bâtiments. Au niveau de l’espace, la majorité des rues sont occupées par des voitures en stationnement ou qui passent à cinquante kilomètres par heure ! » Si l’on en croit les chiffres, l’encombrement des rues par les voitures et les relents de pots d’échappement sont bel et bien une réalité à Prague. Une étude réalisée par la mairie indique en effet que seuls 2% des trajets sont aujourd’hui effectués à vélo contre 33% en automobile. Les spécialistes estiment que la part des déplacements en vélo pourrait atteindre 7% si des infrastructures adaptées étaient mises en place. L’écologie est devenue depuis quelques années un sujet de société incontournable sur lequel les politiciens tchèques ne peuvent plus faire l’impasse. Dans les faits, les militants d’Auto*Mat ne constatent cependant que peu d’améliorations. Selon Vít Masare, les discours des dirigeants du pays et de la ville ne sont pas suivis d’effets.« En 2006, le Parti des verts a accédé au gouvernement et à la mairie de Prague. Ceci a introduit beaucoup de sujets écologiques dans les programmes des différents partis. Aujourd’hui, même si ce parti n’est plus au pouvoir, ces sujets sont là. De plus en plus de personnes réclament des améliorations de la qualité de vie en ville. Les responsables politiques ne peuvent donc plus ignorer ces demandes. Prague a beaucoup de potentiel pour le développement du transport cyclable mais la mise en place des infrastructures reste très lente. Il n’y a presque aucun argent investi dans le développement des transports cyclables. » Un manque de volonté politique que l’association Auto*Mat dénonce déjà depuis un certain nombre d’années. La dernière Journée sans voiture, organisée le samedi 24 septembre à Prague, a permis de sensibiliser encore une fois le public à ces questions de transports urbains. La petite reine a eu, au moins le temps d’une journée, la priorité sur les pavés pragois !