La céramique, un art qui s'émancipe

La céramique est-elle un art mineur qui nous accompagne modestement dans notre vie quotidienne ou un art majeur qui est capable d'attirer le public dans les musées et les galeries ? L'exposition que la Délégation Wallonie-Bruxelles et le Musée national tchèque ont inauguré, jeudi, au palais Lobkovic au Château de Prague peut être considérée comme une contribution à ce débat.

L'exposition présente trois facettes - historique, contemporaine et industrielle - de la céramique de Wallonie et de Bruxelles. La partie historique réunit plusieurs ensembles d'oeuvres du céramiste Charles Catteau. Anne De Breuck, commissaire de cette partie de l'exposition, évoque l'oeuvre de cet artiste:

« La céramique de Charles Catteau, ce sont des vases créés principalement entre 1910 et 1940 avec des décors qui ont été imaginés par Charles Catteau, un céramiste très important, Français d'origine mais de père belge, et qui a été une figure de proue de l'Art déco en Belgique. Il a été actif entre 1910 et 1948 à la manufacture Royal Boch à la Louvière. »

Comment se présentait sa céramique ? Quels motifs, quels matériaux utilisait-il? Quelles influences artistiques se reflétaient dans la céramique de Catteau?

« Catteau réalisait principalement des vases. Ils étaient soit en grès, soit en faïence. Le grès est plus lourd et son degré de cuisson est différent de celui de la faïence. Catteau était très influencé par les cultures étrangères, comme le japonisme, l'art africain, l'Egypte, par tout ce qui se faisait et se voyait dans la presse et dans les magasins de l'époque et aussi par tout ce qui était avant-garde - le cubisme, l'abstraction, les ballets russes et la mode. Donc, il était très influencé par son temps. »

Etait-ce un art de luxe ou s'agissait-il d'objets d'usage quotidien ?

« Pour Catteau, les vases étaient des objets d'art mais il était très important pour lui que tout le monde puisse se permettre l'acquisition de ces objets d'art. Donc ce n'étaient pas des objets d'utilisation de tous les jours comme des assiettes, c'étaient des vases, mais ces vases ont été réalisés en masse, ils ne coûtaient pas cher et cela permettait de faire passer un message esthétique à toutes les couches de la population. »

Nous vous parlerons de la deuxième partie de l'exposition préparée par le commissaire Jean-Pierre Vlasselaer qui a fait un choix d'oeuvres de céramistes belges contemporains, lundi, dans la prochaine émission « Faits et événements ».