La collection de Vincenc Kramar

La Galerie nationale de Prague présente au palais des Foires une exposition consacrée à Vincenc Kramar, homme qui a hissé l'intérêt de collectionneur pour les arts plastiques au niveau de l'art. Vaclav Richter.

C'est grâce à l'intelligence et à la clairvoyance de cet homme que la Galerie nationale peut se vanter aujourd'hui d'une collection d'art français et notamment de la peinture cubiste qui fait envie des amateurs de l'art du monde entier. Vincenc Kramar, ayant vécu entre les année 1877 et 1960, était l'un des premiers historiens de l'art qui ont compris et étaient capables de définir l'importance du cubisme. Dès 1910 il achète les toiles de Picasso, de Braque, de Derrain. Il apprécie notamment la rationalisme et le contact étroit avec la réalité qu'il décèle, malgré la déformation apparente de la réalité, dans les oeuvres de ses peintres. Il n'est pas attiré par l'abstraction, et plus tard il ne manifestera pas de sympathies pour le surréalisme. L'achat d'une oeuvre d'art est pour lui un degré supérieur de l'intérêt pour les arts. Il ne considère pas l'activité du collectionneur comme une façon d'amasser les biens mais comme une activité proche de la création artistique. Outre les cubistes il achète aussi des dessins et des gravures signés Cézanne, Gauguin, Renoir, Matisse et il ajoute à sa collection des oeuvres des artistes tchèques ayant subi l'influence du cubisme - Filla, Capek, Kubista, Guttfreund, Spala, mais aussi les oeuvres des auteurs de tendances différentes qui ont marqué les arts tchèques - Sima, Svabinsky, Tichy, Slavicek, Navratil. Il est non seulement l'auteur d'un livre sur le cubisme mais aussi d'ouvrages sur l'art ancien, dont un livre consacré à l'Annonciation de Rembrandt, un livre sur la conservation et la restauration des oeuvres d'art, un ouvrage sur la Madone gothique de Strakonice etc. Dans le cadre de l'exposition du palais des Foires on peut voir donc aussi des oeuvres qui ont suscité son intérêt d'historien et de théoricien de l'art, des oeuvres du Gréco, de Skreta, de Tkadlik, de Navratil, de Manes et de Zrzavy. L'exposition démontre la conviction de Vincenc Kramar que l'évolution de l'art est un processus continu et qu'on ne peut pas comprendre vraiment l'art ancien sans s'intéresser à l'art contemporain.