La compagnie Cahin Caha présente son tout nouveau spectacle autour du rêve
Ce n’est de loin pas la première fois que Daniel Gulko vient à Prague avec sa troupe de cirque Cahin Caha. Dans le cadre de Letní Letná, le festival du nouveau cirque à Prague, il présente son tout nouveau spectacle, intitulé REV, dont la première se déroule vendredi. Quelques jours avant la première, il a décrypté pour Radio Prague ce titre un peu énigmatique :
« REV, c’est une sorte de nom de code pour les Français parce que c’est les trois premières lettres du mot ‘rêve’, ‘rêver’. C’est aussi les trois premières lettres du mot ‘révolution’. Mais on a décidé de ne pas trop parler de la révolution, parce qu’en France, tu ne peux pas parler de révolution sans penser à la Révolution française. Nous, c’est plus la révolution au sens métaphorique, l’idée que les planètes tournent autour d’un centre et nous tournons autour d’un centre de gravité. La question que nous nous posons c’est la suivante : quel est notre centre de gravité, qu’est-ce qui nous fait tenir debout dans ce monde ? C’est une question philosophique qui n’est pas très intéressante pour le public mais qui nous a poussés à imaginer des personnages dans des situations terribles, difficiles mais qui gardent l’espoir et l’humour. C’est un regard assez critique sur le monde mais avec un certain sens de l’humour. »
Ce n’est pas la première fois que vous venez à Letní Letná présenter vos spectacles. Qu’est-ce qui vous fait revenir à Prague à chaque fois ?« Il faut vraiment revenir si longtemps en arrière ? (rires) »
Oui, pourquoi Letní Letná ? C’est le seul festival du nouveau cirque en République tchèque, sachant qu’auparavant le nouveau cirque n’était pas du tout connu, notamment pour des raisons historiques. Mais c’est grâce à ce festival qu’il s’est fait une place...
« Oui, je le pense aussi. Pour faire l’histoire courte : je suis venu en 1990 parce qu’il y avait un festival des artistes d’avant-garde de San Francisco qui se déroulait à Prague. Je suis donc venu avec ce festival-là qui était un peu pour moi comme un pivot entre le contemporain et le populaire, ce qui a toujours été mon ‘chapeau’. J’étais le plus enclin à faire des spectacles de rue etc. Mais j’étais également venu pour rencontrer Ctibor Turba qui est la grande figure tchèque du théâtre burlesque, un clown... Au niveau européen, c’est un des maîtres. Mais aussi parce qu’il était plutôt sauvage. Je cherchais quelqu’un comme lui, qui ne soit pas un gentil clown, quelqu’un à l’humour noir, à l’esthétique sophistiquée, au regard critique. J’ai donc rencontré le bonhomme, j’ai commencé à travailler avec lui. Et quand j’étais là se déroulait, parallèlement, le premier festival tchèque des arts de la rue.
Il n’y avait pas d’art de la rue avant cela, à cause du régime communiste. J’avais fait beaucoup de rue dans ma jeunesse. Je suis donc allé voir l’organisateur, Jiří Turek, qui ensuite a créé Letní Letná. C’était un jeune homme à l’époque. Je lui ai demandé si je pouvais faire un spectacle de rue gratuitement, en cadeau pour le peuple tchécoslovaque. Sur la place de la Vieille-Ville, j’ai montré mon spectacle. C’était un très bon spectacle que j’avais à l’époque. Il y avait 800 personnes. Et ça a été le plus gros spectacle du festival, ça a été mythique ! Depuis ce jour-là, il y a 20 ans, on est vraiment lié avec Jiří. »Retrouvez la suite de cet entretien avec Daniel Gulko dimanche dans Culture sans frontières.