La culture de la bière inscrite au patrimoine culturel immatériel de la Tchéquie
Comme cela est le cas pour la Belgique, en Tchéquie aussi, les brasseurs souhaitent faire inscrire la culture de la bière au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Pour cela, une première étape a été franchie à l’échelle nationale avec l’inscription par le ministère de la Culture de cette culture sur la Liste des biens immatériels de la culture populaire traditionnelle.
« La culture tchèque de la bière est un symbole de fierté nationale et il y a peu d’autres choses dont nous pouvons être aussi fiers dans le monde. »
Comme l’ont confirmé, jeudi à Prague, dans les murs de la brasserie du monastère de Břevnov, les propos de Michal Voldřich, membre du conseil d’administration de l’Association tchèque des brasseries et malteries (Český svaz pivovarů a sladoven), les choses sont claires : la culture tchèque de la bière mérite d’être davantage reconnue. Avec ses quelque 550 brasseries existantes dans le pays, dans un secteur qui emploie 65 000 personnes, la production de bière et la consommation qui en découle en Tchéquie restent bien plus qu’une tradition vivante.
L’inscription sur la Liste des biens immatériels, qui vise à protéger et à développeer du patrimoine culturel immatériel en République tchèque, a été recommandée par le Conseil national de la culture populaire traditionnelle. La candidature a été rédigée par l’Association des brasseries et des malteries, dont Tomáš Slunečko est le directeur :
« Cette inscription est très importante, car elle matérialise l’ensemble du travail des agriculteurs, des serveurs, des brasseurs et de toutes les autres personnes et métiers qui, d’une manière ou d’une autre, depuis la production des céréales jusqu’à la consommation finale du produit, s’occupent de la bière et la fabriquent. Cette inscription est symbolique, mais disons que c’est une étape sur le chemin de l’inscription de la culture tchèque de la bière au patrimoine immatériel de l’humanité. »
Après la Belgique et l’Allemagne voisine, la Tchéquie est ainsi devenue le troisième pays en Europe à inscrire la culture de la bière sur la liste de son patrimoine culturel immatériel.
En 2016, la Belgique avait même vu cette diversité de l’art du brassage, avec toutes les coutumes, traditions et autres usages liés à cette activité séculaire, reconnue par l’Unesco, qui l’avait ainsi ajoutée à son patrimoine. Et c’est à cette même reconnaissance que la Tchéquie aspire depuis quelques années, à travers notamment, donc l’action de l’Association des brasseries et malteries. De passage à Prague en décembre dernier, Krishan Maudgal, président de la fédération des Brasseurs belges, avait expliqué pourquoi, à ses yeux, la Tchéquie mériterait, elle aussi, cette reconnaissance internationale :
« Il y a bien entendu aussi l'Allemagne. Historiquement, nous nous trouvons dans ‘la ceinture de la bière’ en Europe, puisque l’on peut partager l’Europe en trois catégories avec la ceinture de la vodka, la ceinture du vin et, donc, la ceinture de la bière. Cette division répond aux conditions climatologiques de chaque région et, dans cette partie-ci de l’Europe, nous avons toujours eu beaucoup d’activités agricoles. La ceinture de la bière en Europe s’étend de l’Irlande jusqu’à la Tchéquie. Chaque pays a vraiment ses spécificités et des caractéristiques différentes. Ainsi, si la Tchéquie est vraiment le berceau de la bière de type pils, la Belgique, par exemple, se caractérise, elle, par la grande diversité de ses bières spéciales. »
Paradoxalement, cette volonté tchèque intervient toutefois à un moment où la consommation de bière, comme dans tous les autres pays, diminue continuellement. Ainsi, si les Tchèques restent parmi les plus gros buveurs de bière au monde, leur consommation moyenne annuelle, selon les dernières données disponibles, n’était plus que de 128 litres par personne en 2023, contre, par exemple, encore quelque 163 litres il y a vingt ans.
Néanmoins, à la question de savoir si la baisse de la consommation pourrait menacer l’inscription au patrimoine de l’UNESCO, Tomáš Slunečko a répondu que la consommation en tant que telle n’est pas tellement liée à la culture de la production de la bière, tout en se disant convaincu que les générations futures, malgré l’évolution des habitudes, continueront à apprécier un savoir-faire et un art de vivre typiquement tchèques à leur juste valeur.