La Déclaration tchéco-allemande, cinq ans après son adoption
Aujourd'hui, nous parlerons d'un chapitre de l'histoire relativement récent: cinq ans se sont écoulés depuis la signature de la Déclaration de réconciliation tchéco-allemande qui énumère les problèmes de l'Allemagne et de la République tchèque datant de la Seconde Guerre mondiale et souligne la volonté d'orienter les rapports réciproques vers l'avenir.
Les rapports ont revêtu des formes dramatiques au début du 19e siècle ou la conscience nationale tchèque commençait à se réveiller. Les problèmes dans les rapports réciproques persistaient après la création de l'Etat tchécoslovaque indépendant, en 1918. Le deuxième conflit mondial et la période d'après-guerre ont créé de nouveaux problèmes que le régime communiste a laissés irrésolus, pendant plus de 40 ans. La voie des négociations ne s'est ouverte qu'après 1989. Le 27 février 1992, le traité de coopération tchéco-allemand a vu le jour. Cinq ans plus tard, le 21 janvier 1997, la Déclaration tchéco-allemande a été adoptée par les deux pays. La partie allemande y reconnaît la responsabilité de l'Allemagne de la conclusion des accords de Munich de 1938 qui ont chassé la population tchèque des régions limitrophes. Elle exprime la responsabilité de l'Allemagne des crimes nazis et le regret pour les souffrances et les torts. Elle reconnaît que la politique du parti national socialiste pratiquée envers le peuple tchèque a contribué à la création des conditions pour l'expulsion d'après-guerre des Allemands des Sudètes.
La partie tchèque, elle, regrette, que par les expulsions d'après-guerre et le déplacement forcé des Allemands des Sudètes, des souffrances et des torts énormes aient été occasionnés aux gens innocents. Elle regrette les actes arbitraires et excessifs commis et que la loi 115 de 1945 a laissés impunis.
Les deux parties se mettent d'accord que les torts relèvent du passé et que les rapports seront dorénavant orientés vers l'avenir. Elles s'engagent à créer le Fonds de l'avenir et le Forum de discussion, deux organismes appelés à mettre en vie les stipulations de la Déclaration de réconciliation tchéco-allemande. La partie allemande s'est engagée à verser 140 millions de marks au Fonds de l'avenir, la partie tchèque 440 millions de couronnes. Ces moyens sont destinés au financement des projets d'intérêt commun - humanitaires, sociaux, écologiques, rencontres des jeunes, soins pour des personnes âgées, restauration de monuments et aussi, de tombeaux. Comment se porte la Déclaration tchéco-allemande, cinq ans après sa naissance.
La durée et la complexité des négociations précédant l'adoption de la Déclaration démontrent, à elles seules, que les attentes des deux parties n'étaient pas les mêmes. Cinq ans après son adoption, on peut dire que la déclaration n'a pas mis un point final au passé, mais plutôt deux points. Les problèmes hérités de la période de la guerre ne cessent d'être ravivés.
C'est surtout le cas des normes juridiques tchécoslovaques des années 1945, les dits décrets Benes, et le cas de l'indemnisation des expulsés. Certains milieux en Allemagne, dont le Rassemblement sudéto-allemand, ne cessent de réclamer l'abolition des décrets. Cela en dépit du fait que le Premier ministre tchèque, Milos Zeman, les a qualifiés de désuets, le Président Vaclav Havel de consommés et la Cour constitutionnelle de morts. Les décrets Benes ont stipulé la confiscation des biens aux traîtres et ennemis de la république et la déchéance de la nationalité à ces personnes. L'indemnisation de deux milliers d'expulsés et la reconnaissance de leur droit du sol est une autre revendication du Rassemblement sudéto-allemand.
La communauté chrétienne Ackermann parle, à son tour, d'indemnisations humanitaires des déportés de travail. Finalement, au printemps dernier, l'Association des Allemands en Tchéquie a demandé au parlement tchèque d'assurer aux Allemands un accès égal aux restitutions.
Pour l'instant donc, il n'y a pas de point final. Toutefois, la Déclaration tchéco-allemande a créé une base solide sur laquelle le dialogue peut continuer.