La diparition de la « fille en bleu »
Peu de temps après son 86e anniversaire, Lida Baarova, vedette du film tchèque de l'entre-deux-guerres, est morte le vendredi 27 octobre dans son appartement de Salzbourg. Sa carrière de star de cinéma restant un peu dans l'ombre durant sa vie, Lida Baarova est devenue célèbre notamment grâce à ses relations amoureuses avec Joseph Goebbels, ministre de l'Information et de la Propagande sous Hitler. Astrid Hofmanova.
Ludmila Babkova que les cinéphiles connaissent sous le pseudonyme de Lida Baarova est née le 7 septembre 1914 à Prague. Après le succès de son premier film, en 1931, Baarova quitte le Conservatoire de Prague pour se consacrer à la carrière d'artiste qu'elle voulait bâtir. Grâce à son acharnement, elle arrive à tourner huit films rien qu'en première année de sa carrière. Tandis que dans la première moitié des années trente, les réalisateurs profitent plutôt de sa beauté physique, plus tard elle a l'occasion d'interpréter aussi des personnages de caractère, par exemple dans la comédie « la Fille en bleu » tournée en 1940.
La vie de Lida Baarova change considérablement lorsqu'elle reçoit la proposition de tourner en Allemagne, en 1935. Gagnant le public allemand, son succès se reflète non seulement sur son niveau de vie, elle se fait construire une villa de luxe non loin de Berlin, mais aussi sur ses relations intimes. Elle fait connaissance, en effet, du ministre Goebbels qui, ayant tombé amoureux de la vedette tchèque, est prêt à tout sacrifice, y compris le divorce avec sa femme Magda, mère de six enfants. Pour éviter un scandale, c'est Adolf Hitler en personne qui doit intervenir pour mettre terme à leur liaison d'amoureux, en 1938. Baarova tombe en disgrâce et devient une actrice proscrite après 1941.
« L'année où il (Goebbels) me poursuivait a détruit toute ma vie... » a dit plus tard l'actrice qui se considérait comme victime dans la relation avec Goebbels. Le châtiment qui arrive est d'autant plus dur. La guerre terminée, Baarova est emprisonnée et accusée de collaboration avec les nazis. Mais, sa culpabilité n'étant pas établie, elle est libérée en 1946. Deux ans plus tard, elle quitte la Tchécoslovaquie pour s'installer en Autriche. A Salzbourg, où elle vit depuis, Baarova connaît son futur mari Kurt Ludwall. Dans les années d'après-guerre, elle joue encore dans plusieurs films espagnols de moindre importance pour terminer sa carrière définitivement en 1956. Les dernières années de sa vie étaient des plus tristes : malade, elle souffrait de la maladie de Parkinson, elle les a passées en compagnie de médicaments, de boissons alcoolisées et de cigarettes. Dans ses Mémoires intitulés « Les douces amertumes de l'existence » Lida Baarova a écrit : » J'ai commis beaucoup de fautes dans ma vie, pour lesquelles j'étais aussi plus que rigoureusement punie... ».