La crise migratoire: Bohuslav Sobotka refuse les approches populistes

Bohuslav Sobotka, photo: ČT24

Cette revue de presse vous propose d’abord deux regards sur la crise migratoire et sur la perception du besoin d’aide aux gens en détresse. Un extrait ensuite d’un texte qui se penche sur les activités et le comportement des cinéastes et acteurs tchèques pendant la Deuxième Guerre mondiale, en lien avec la sortie en salle de deux films consacrés à l’actrice Lída Baarová et à sa liaison avec le chef de la propagande nazie, Joseph Goebbels. Un mot, aussi, au sujet d’un nouveau film tchèque qui présente le récit de la dernière femme exécutée en Tchécoslovaquie, dans les années 1970. Un constat enfin selon lequel les femmes sont désormais de plus en plus présentes dans des orchestres symphoniques.

Bohuslav Sobotka,  photo: ČT24
Le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, estime qu’une intégration des migrants qui fuient les conflits est possible en République tchèque. C’est une des thèses qu’il a exprimée dans un entretien accordé dans l’édition de samedi dernier du quotidien Lidové noviny. Définissant son approche à l’égard des migrants comme pragmatique, il a aussi dit :

« Ne se laissant jamais aller à des idées naïves, le cabinet que je dirige ne sous-estime pas les aspects sécuritaires. D’un autre côté, il ne s’est pas joint à ceux qui prennent les réfugiés pour une armée organisée qui aurait été expédiée vers nous par l’organisation l’Etat islamique ou les Frères musulmans. La vague des réfugiés est très hétérogène. A côté de personnes fuyant la guerre, on peut y voir, aussi, des migrants économiques ayant saisi l’occasion. Il est vrai que l’on ne saurait exclure la présence de quelques sympathisants de l’Etat islamique qui veulent pénétrer en Europe, profitant du chaos aux frontières extérieures de l’espace Schengen. Mais la social-démocratie refuse toute généralisation, car elle constitue un courant qui veut percevoir les choses de façon rationnelle et strucuturée ».

Refuser le principe de la culpabilité collective en rapport avec les délits de certains réfugiés et définir des limites et des règles pour l’accueil des migrants. Telles sont selon Bohuslav Sobotka les lignes à mettre en relief dans une situation où il n’existe aucune solution simple à la crise migratoire. Dans ce contexte, il a aussi déclaré :

« Dans le cas d’une arrivée trop massive de réfugiés, on ne parviendrait pas à les intégrer et on verrait augmenter toutes sortes de problèmes et de dangers. Ceci dit, il n’est pas possible de rejeter les personnes en détresse. Mais il doit y avoir des limites pour empêcher l’éclatement des systèmes et pour empêcher des réactions radicales même de la part de la société majoritaire qui, jusque-là, ne s’identifie pas avec des groupes islamophobes ».

Le grand rabbin Karol Sidon : l’individu qui souffre a besoin d’aide

Karol Sidon,  photo: Marián Vojtek,  ČRo
La crise migratoire est aussi l’un des thèmes soulevés dans un entretien avec Karol Sidon, grand rabbin du pays et homme de lettres, qui a été publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt. A la question de savoir si l’Europe proposait des solutions à ce problème et si l’ouverture de l’Allemagne n’a pas été trop grande, il a répondu :

« Je ne sais pas si l’Europe a des solutions. Toutefois, Mme Merkel est conséquente dans son concept partant de la base éthique de la société qui veut que l’individu qui souffre a besoin d’aide. C’est ce qui est prioritaire. Nous ne pouvons pas vivre au détriment de ceux qui n’ont pas la possibilité de vivre dûment. Elle fait ce qu’elle considère comme juste, sans égard aux éventuels problèmes que cela peut apporter. »

Karol Sidon estime que la peur ressentie actuellement par une grande partie des Tchèques est exagérée, car ceux qui arrivent en Europe ne semblent pas être tellement différents des Européens eux-même. Constatant que la communauté juive tchèque ne voit pas d’un mauvais œil l’accueil des réfugiés dans le pays, il explique pourquoi :

« Nous avons une certaine expérience de l’époque d’avant la Deuxième Guerre mondiale où des milliers de Juifs ont tenté en vain de quitter l’Europe fasciste, car il n’y avait pas de pays qui voulait les accueillir. Un fragment d’entre eux seulement a alors réussi à émigrer. Riches de cette expérience, nous n’avons pas le droit de nous comporter autrement que de façon conviviale. Par accueillante, moi-même j’ai obtenu l’asile en Allemagne, lorsque le régime communiste de l’ancienne Tchécoslovaquie m’a expulsé ».

Le cinéma tchèque pendant la Deuxième Guerre mondiale

Le cinéma tchécoslovaque sous le protectorat pendant la Deuxième Guerre mondiale ne se distingue pas seulement par la liaison de l’une des plus grandes stars du cinéma local de l’entre -deux-guerres, Lída Baarová, avec le chef de la propagande nazie, Joseph Goebbels. C’est ce que remarque dans l’hebdomadaire Respekt Jan H. Vitvar à l’occasion de la sortie en salles de deux films, l’un documentaire, l’autre de fiction, qui sont consacrés à ce chapitre tristement célèbre de la vie de l’actrice. En resituant cette histoire dans le contexte du comportement et des activités des cinéastes et des artistes tchèques de l’époque, il a écrit entre autres :

« Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, des dizaines d’acteurs et d’actrices tchèques ont été interrogées par des commissions disciplinaires. Selon l’historien Lukáš Kašpar qui a examiné le rapport de ces derniers à l’égard du nazisme dans un livre, certains d’entre eux ont visiblement collaboré, tandis que d’autres ont tout simplement cherché à survivre. Rares ont été en même temps ceux qui se sont opposés au nazisme ».

Jan H. Vitvar rappelle que dans les années 1930, la cote de popularité des acteurs et des cinéastes était très élevée dans le pays. A l’époque les studios de cinéma Barrandov à Prague n’avaient pas d’équivalent en Europe centrale. Jugeant que « la bonne humeur de la population est un article de guerre », la propagande nazie a alors décidé de ne pas priver les Tchèques de l’une de leurs distractions préférées et de leur donner l’illusion que tout allait bien. Ainsi, 114 films dont la moitié des comédies ont pu être réalisés pendant la guerre dans les studios Barrandov, sous contrôle de leurs nouveaux maîtres bien sûr. Et l’auteur de l’article de remarquer :

« Cette même approche a été mise en valeur après le putch communiste de 1948. Mais force est de constater qu’à la différence de leurs successeurs ultérieurs, pendant la guerre, les cinéastes tchèques n’ont réalisé aucun film dont ils auraient dû avoir vraiment très honte. On a vu naître aucun film clairement propagandiste, car les réalisateurs tchèques ont refusé de s’engager en faveur des nazis. Aussi, à quelques exceptions près, ont-ils refusé de participer à la création de films allemands qui étaient paralèllement réalisés à Barrandov... Or, tout indique que même si la crème de la crème de la culture locale a souvent basculé à la limite du bon goût, elle n’a que rarement franchi cette limite ».

Un film tchèque dont on parle avant même sa sortie en salles

'Já,  Olga Hepnarová'
Un nouveau film tchèque qui n’est pas encore à voir dans les salles de cinéma fait pourtant parler d’ores et déjà de lui dans les médias. D’abord, parce qu’il raconte le captivant récit de la dernière femme à avoir été exécutée dans l’ancienne Tchécoslovaquie et, puis, parce qu’il a été sélectionné par le prestigieux festival du film de Berlin où il sera projeté dans le cadre de la section Panorama qui propose au total une cinquantaine de films. Le site echo24.cz a apporté plus de détails à son sujet :

« La protagoniste du film, Olga, est une jeune fille de 22 ans, qui en 1973, a intentionnellement renversé avec le camion qu’elle conduisait un groupe de personnes à un arrêt de tram, dont huit ont été tuées. Son acte, elle le considérait comme un acte de vengeance à l’égard de la société qui l’aurait durant toute sa vie maltraitée.A l’origine elle avait planifié de faire dérailler un train ou de tirer dans la foule sur la place Venceslas. Deux ans après le massacre, Olga Hepnarová a été exécutée par pendaison dans la prison de Pankrác de Prague ».

Le film coproduit par la Tchéquie, la Pologne, la Slovénie et la France est l’œuvre de deux cinéastes tchèques jusqu’ici peu connus, Tomáš Weinreb et Petr Kazda. Le site rappelle que cette histoire avait déjà séduit dans le passé, la réalisatrice tchèque de renom, Věra Chytilová, aujourd’hui décédée. Mais son film n’a jamais vu le jour. Notons que le drame d’Olga Hepnarová a inspiré également une pièce de théâtre qui a été donné avec succès au théâtre Na Zábradlí, à Prague. Radio Prague vous proposera d’ailleurs un entretien, avant le lancement de la Berlinale, avec le coproducteur français du film.

Les femmes s’imposent tant bien que mal dans les orchestres symphoniques

La Philharmonie tchèque,  photo: ČT24
A l’heure actuelle, les femmes dans les orchestres symphoniques tchèques sont plus nombreuses que jamais. C’est ce que souligne dans un texte publié sur le site aktualně.cz Daniel Konrád qui précise encore :

« Récemment encore, les interprètes féminines constituaient dans des orchestres symphoniques locaux une exception. La situation était similaire également ailleurs, comme à Vienne ou à Berlin. Dans la première moitié des années 1990, la Philharmonie de Vienne refusait par exemple d’accueillir ne serait-ce qu’une seule femme. Aujourd’hui, on voit en Tchéquie comme ailleurs de plus en plus de femmes s’inscrire aux concours lancés par les différents orchestres ».

C’est en 1970 que la Philharmonie tchèque a accueilli la toute première femme, la harpiste Renata Kodadová. Aujourd’hui, ce premier orchestre du pays compte au total 19 femmes. S’il est le plus élevé de son histoire, ce nombre est quand même toujours inférieur à la situation dans d’autres orchestres symphoniques tchèques. Aux dires cependant de certaines interprètes féminines, citées dans le texte, « il est toujours bon de voir prédominer les hommes dans l’orchestre ».