La direction de CEZ se partage un record de primes
La société énergétique CEZ vient d’annoncer que les treize membres de sa direction générale vont se partager plus d’un milliard de couronnes (trente-sept millions d’euros) de bénéfice en rachetant les actions de leur propre société et les revendant après. Comment cela est-il possible dans une société en partie contrôlée par l’Etat ?
La société CEZ, c’est le plus gros producteur et distributeur d’électricité en République tchèque. C’est aussi l’entreprise tchèque qui réalise les plus gros bénéfices et, aujourd’hui, elle diversifie ses activités à l’étranger surtout en Europe de l’Est. La direction de CEZ a adopté en 2001 un programme d’option qui permet aux membres du conseil d’administration et à une vingtaine de membre du conseil exécutif, d’acheter les actions de la société au prix quoté en bourse avant qu’ils n’entrent en fonction et de les revendre avec bénéfice ultérieurement. L’objectif de ce programme est de motiver la direction de CEZ pour qu’elle œuvre à la valorisation de la société dans l’intérêt des actionnaires. Pourtant, les employés concernés par le programme d’option ne peuvent pas vendre toutes leurs actions et doivent en conserver au moins 10 %. Ils doivent aussi en faire part à la CNB (Banque nationale tchèque). Si le directeur général, Martin Roman, vendait les actions qu’il possède, il gagnerait 677 millions de couronnes (quelque 25 millions d’euros).
Les gains de la direction de CEZ ne peuvent que faire tourner la tête aux directions des CSA (Lignes aériennes tchèques) ou de la Poste, des sociétés publiques. L’Etat possède seulement 7 % des actions de CEZ qui devaient être vendus pour récolter environ trente millions de couronnes destinés au Fond national de l’infrastructure des transports. L’Etat a vendu 2 % de ses parts et prend son temps pour vendre le reste comme le confirme l’analyste de la société financière Cyrrus, Marek Hatlapatka :
« L’Etat comptait avec ce montant, quand il planifiait la vente de ses parts et quand l’action de CEZ était quotée à 1 000 couronnes. Aujourd’hui, elle est quotée à 1 350 couronnes. Si l’Etat vendait toutes ses parts, maintenant, il pourrait gagner de 20 à 25 milliards de plus donc dans les 50 milliards de couronnes. »
Les gains de la direction de CEZ font aussi tourner la tête au simple citoyen qui doit faire face à une hausse importante constante du prix de l’électricité. Les économistes affirment, cependant, que ces gains ne sont pas en relation directe avec le prix de l’électricité, car celui-ci est fixé par la bourse énergétique selon l’offre et la demande, et la direction de CEZ ne peut pas l’influencer.