La faucille et le marteau indésirables sur un monument aux morts
Il y a comme des relents de guerre froide et de blessures qui n'ont pas été pansées dans l'incident qui met sous tension les relations diplomatiques entre la République tchèque et la Russie. En cause, ni plus ni moins que le symbole de la faucille et du marteau que le maire-adjoint de Brno-Kralovo pole a fait supprimer d'un monument aux morts.
Devant les protestations des autorités russes et de vétérans russes de la Deuxième Guerre mondiale, le ministère tchèque des Affaires étrangères a dû s'emparer du dossier. « Nous tenons à ce que les conventions internationales soient respectées, dans ce cas précis, elles ont été rompues », a déclaré la porte-parole du palais Cernin, Zuzana Opletalova. Ces accords assurent la protection mutuelle des monuments de guerre dans les pays concernés. Néanmoins, les pays sont dans le même temps censés entretenir les monuments tout en respectant la législation nationale et les « traditions nationales, religieuses et autres ». C'est justement à cause de cette formule que le symbole décrié ne réapparaîtra peut-être plus sur le monument : opposants et partisans se renvoient la balle quant à savoir si la faucille et le marteau font partie des symboles interdits par la loi au même titre que la croix gammée.
Pour l'historien Vlastimil Schildberger, pourtant, la faucille et le marteau doivent rester : le monument a été érigé à la mémoire des quelque 300 soldats de l'Armée rouge tombés lors de la Libération en 1945, c'est un lieu de recueillement, et en tant que tel, on ne doit pas y toucher.
Quant au maire de Brno, il réfute l'idée de la diplomatie russe qui considère qu'enlever ces symboles du passé est une atteinte à la mémoire des soldats disparus : il s'est dit prêt à remplacer et faire réparer le monument. « Mais on peut difficilement me demander d'y refaire graver la faucille et le marteau », a-t-il déclaré.