La fin de LG.Philips en Moravie du Nord : l’échec d’un investissement étranger
Le 11 septembre 2001 reste dans la mémoire collective surtout comme le jour des attentats qui ont eu lieu aux Etats-Unis. Néanmoins, le même jour marque également l’ouverture solennelle de l’usine de la production d’écrans de télévision à Hranice en Moravie du Nord. Ce qui a été le plus grand investissement direct étranger à l’époque s’est avéré comme un exemple raté des incitations à l’investissement ainsi qu’un modèle de la course vers le bas dans l’attraction d'investisseurs étrangers.
Au début des années 2000, la République tchèque a passé une nouvelle loi sur les incitations aux investisseurs étrangers en vertu de laquelle le gouvernement ainsi que la représentation locale de la commune de Hranice en Moravie du Nord se sont impliqués pour proposer à l’entreprise multinationale basée aux Pays-Bas, LG.Philips, des conditions d’investissement les plus avantageuses afin de devancer les pays concurrents, la Pologne et la Slovaquie.
Concrètement, la République tchèque a proposé à LG.Philips dix ans de "vacances fiscales", l’importation de technologies sans droits de douane ainsi que des incitations à l’investissement à hauteur de 1,5 milliard de couronnes (plus de 54 millions d’euros). La commune de Hranice a elle-même construit une nouvelle zone industrielle où plus de 3 250 employés devaient faire le montage d'écrans de télévision pour LG.Philips.
La production à Hranice a été lancée sans que toutes les études d’impact soient réalisées. En conséquence, LG.Philips a été condamnée à plusieurs amendes, jusqu’à ce qu’en mars 2004 la construction soit finalement validée, deux ans et demi après le début de l’opération.
Le développement technologique des écrans plats, LCD ou plasma, a fait que la production à peine commencée, l’usine à Hranice n’était plus rentable. LG.Philips, au lieu de moderniser son usine en République tchèque a préféré en construire une nouvelle en Pologne, orientée cette fois-ci sur les écrans LCD. Le holding indépendant qui a conclu le contrat avec l’Etat tchèque à la place de la multinationale s’est retrouvé en faillite en 2007, endetté de plusieurs milliards de couronnes.
Le sort de cet investissement dévoile plusieurs points problématiques. D’abord, les termes du contrat se sont avérés disproportionnellement plus avantageux pour l’investisseur. Ainsi, l’Etat ne disposait d’aucun moyen de pression pour obliger l’entreprise à moderniser l’usine existante, au lieu d’en construire une autre. Ensuite, l’étude de l’École supérieure d’économie (VŠE) révèle que l'espérance que l'implantation de LG.Philips contribue à la baisse du taux de chômage était démesurée. Ainsi, sur les 3 250 places promises, seulement 1 300 employés travaillaient dans l’usine au moment du pic de sa production. Selon l’étude, il ne s’agissait pas en majorité de personnes au chômage de la région, mais de travailleurs venus d'autres usines. Enfin, le bilan de cet investissement pose la question de la pertinence de la course vers le bas entre les différents Etats européens afin d’attirer les investisseurs.