La flotte maritime tchèque - c'est fini
La Tchéquie possédait, derrière la Suisse, la plus importante flotte maritime parmi les pays continentaux. Le « pirate » de Prague, Viktor Kozeny, comme l'appellent les médias américains, l'a entièrement liquidée. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
Triste destin, vraiment, pour la flotte tchèque. Il y a deux ans, Viktor Kozeny, connu surtout comme le champion de la fraude, après avoir acheté la compagnie Ceska namorni plavba (Flotte maritime tchèque), l'a peu à peu revendue. 18 navires, dont certains faisaient partie des plus modernes, ont été vendus à diverses autres compagnies. La Tchéquie, bien qu'étant un pays de « marins d'eau douce », n'avait plus de navires de mer... La compagnie maritime employait, pourtant encore, quelque 600 marins hautement spécialisés en ce qui concernait les officiers surtout. Le dernier équipage tchèque, engagé par la compagnie hollandaise, Van Ommeren Shipping, sur le bateau Kosice, qui appartenait avant à la compagnie tchèque, s'est retrouvé au chômage, lui aussi. Sur les autres navires qui appartenaient à la compagnie tchèque, les équipages sont, aujourd'hui, indiens, pakistanais ou des Philippines. En 1993 encore, la Ceska namorni plavba réalisait 70 millions de couronnes de bénéfices. En 1997, devenue propriété de Viktor Kozeny, elle ne réalisait plus de bénéfices sur le fret, en 1999, elle affichait une perte de près de 18 millions de couronnes ! La compagnie et ses filiales ne possèdent plus aucun navire pas même le plus petit bateau. La direction de Ceska namorni plavba, une compagnie maritime qui n'a plus que son nom, affirme que la société n'est pas en faillite. Le quotidien Mlada fronta Dnes, qui relate la fin de la flotte tchèque, a tenté d'obtenir plus d'informations. Selon la même direction, il faut s'adresser au Holding industriel Harvard... Kozeny de nouveau. Inutile de dire que les représentants de ce holding ne répondent pas et ne savent rien sur l'avenir de la compagnie maritime tchèque. Les plus touchés sont les marins. Certains ont réussi à se faire engager sur des navires battant pavillons de divers pays, s'intégrant avec peine dans des équipages indiens, pakistanais... D'autres se retrouvent au chômage, car pour un marin, un emploi hautement spécialisé, trouver du travail est des plus difficiles. Le pirate de Prague, Viktor Kozeny, retiré aujourd'hui tranquillement aux Bahamas, a réussi pleinement le sabordage de la flotte tchèque en envoyant dans les 600 marins sur le pavé... Triste fin d'une compagnie florissante, il y a quelques années encore.