La grâce aux assassins nazis
Dans les années cinquante, le régime communiste a accordé la grâce à quatre officiers nazis. Astrid Hofmanova.
les nazis ont assassiné presque 200 hommes, rasé le village et déporté presque 200 femmes et leurs enfants dans des camps de concentration. Les quatre officiers allemands, Max Rostock, Richard Schmidt, qui a ordonné de bombarder un village en Slovaquie, Ernest Hitzegrad, collaborateur de K.H. Frank, et Kurt Max Walter Richter, membre de la Gestapo de Jicin, ont été condamnés à la peine capitale, en 1951. Mais deux ans plus tard, le cas des quatre assassins nazis a été soumis au secrétariat politique du Comité central du Parti communiste tchécoslovaque qui a changé le verdict initial et les a condamnés à la prison à vie. Zapotocky signe la grâce en décembre 1953. Mais les condamnés ne passent pas longtemps en prison, car ils sont expulsés en Allemagne, en 1960. Les documents ne relèvent point ce qui a conduit Zapotocky à changer le verdict. C'était peut-être un ordre de Moscou où la possibilité d'utiliser les condamnés à des fins politiques.
C'est ce que prouvent, en effet, des documents rendus publics par l'Office de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme. Selon eux, Antonin Zapotocky, successeur de Klement Gottwald au poste de président de la République, dans les années 1953-1957, a accordé la grâce secrète à quatre officiers nazis condamnés à mort. Parmi ces derniers, Max Rostock, membre des unités S.S. et commandant du Service de sécurité de Kladno, condamné pour avoir organisé et participé personnellement au massacre de Lidice, pendant lequel, le 10 juin 1942,Vu ce cas, les historiens de l'Office sont convaincus que le dévoilement de certains chapitres inconnus de l'histoire tchèque risquent de changer notre opinion sur notre passé récent. Les documents prouvent, en effet, que le régime d'alors se comportait mieux avec les nazis qu'avec ses propres prisonniers politiques. Zapotocky a accordé la grâce à des nazis mais son comportement avec les prisonniers politiques était impitoyable; il en a fait exécuter 47. Ainsi, ces documents aident, entre autres, à renverser l'un des mythes sur les communistes, qui étaient considérés comme des combattants intransigeants contre le fascisme.