La jeune création photographique tchèque table sur le numérique
Lyon Septembre de la Photographie est un rendez-vous photo biennal qui, comme son nom ne l’indique pas, est en réalité à cheval sur deux mois, depuis le 16 septembre et jusqu’au 31 octobre. L’identité est le thème porteur de cette édition, l’occasion pour les organisateurs d’aller jeter un œil sur la jeune création photographique dans la « nouvelle Europe ». Parmi les photographes exposés, une place toute particulière a été accordée aux femmes photographes de RT.
Gilles Verneret est le commissaire de la biennale :
« Pourquoi la photographie tchèque ? Parce qu’il y a une école tchèque et que la photo tchèque a toujour été une grande photographie depuis Sudek. A partir de là j’ai rencontré Vladimir Birgus (ndlr : photographe et professeur d’université) à Prague et il m’a proposé une exposition sur les jeunes femmes photographes tchèques. »
Ces jeunes femmes photographes tchèques, qui sont-elles ? Qui avez-vous retenu ?
« C’est surtout Vladimir Birgus qui a choisi. Elles sont assez nombreuses. Elles sont une quinzaine, elles ont travaillé sur l’identité et la position de la femme dans la société tchèque. Pour le visuel, on a utilisé une photographie d’une Tchèque, Barbora Bálková et elle se pose la question de la femme dans la société tchèque. Il y a aussi Tereza Vlčková qui a reçu le prix BMW et a fait un travail sur les jumelles. Il y aussi Stepanka Stein qui a fait un travail sur la ville de Newcastle en Angleterre. Il y a deux photographes tchèques qui ont des expositions individuelles en plus de l’exposition collective. Il y a Katerina Drozkova et Dita Pepe. Dita Pepe travaille sur les identités psychologiques. On retrouve toujours dans la photographie tchèque une question d’identité. Ca vient peut-être du fait que la Tchécoslovaquie a été partagée en deux. On retrouve toujours cette recherche du double, et des interrogations comme : qui sommes-nous et qu’est-ce qu’on devient dans cette nouvelle Europe ? »
Avez-vous remarqué si ces photographes reflétaient – ou pas – leur passé ?
« C’est une nouvelle photographie, un peu comme en Bulgarie. Celle d’après la chute du mur de Berlin. Ils se posent un questionnement d’identité à un niveau personnel, en tant que créateurs et artistes. Et aussi par rapport à l’Europe. Donc ils sont très tournés vers la photographie américaine. Moi, ce que j’ai surtout remarqué c’est qu’ils sont à l’avant-garde avec beaucoup de recherches sur les techniques numériques. Ce n’est pas du tout une photographie classique, c’est une photographie de réflexion, documentaire. Par exemple Daniela Dostálková a a travaillé sur usine coréenne qui est venue s’implante en République tchèque où elle montre comment on impose aux ouvriers des modèles de comportements. C’est une photographie profonde qui rend compte des métamorphoses de la société tchèque. »