La laïcité tchèque – une menace pour le christianisme ?
Il a suffi au pape Benoît XVI une seule phrase à l’adresse des Tchèques, prononcée lors de son séjour en Espagne, pour que certains journaux du pays en fassent la une de leur édition de ce lundi. Ceci un peu plus d’un an après la visite que le pape avait effectuée en République tchèque, un des pays « les plus athées au monde ».
Le quotidien Lidové noviny qui consacre à ce sujet une grande place, a suivi les réactions de certains représentants politiques et ecclésiastiques tchèques. Le Premier ministre Petr Nečas considère que les déclarations du souverain pontif « appellent toujours à la réflexion », pendant que Bohuslav Sobotka, chef intérimaire des sociaux-démocrates, concède au pape le droit de s’exprimer sur de tels sujets sans penser pour autant qu’ « une campagne puisse changer le rapport négatif à l’égard de l’Eglise ». Le primat tchèque Domink Duka estime pour sa part que la situation en Tchéquie est loin d’être dans ce sens dramatique. Son porte-parole indique même que « la sécularité va da pair avec le christianisme ».
S’agissant de l’évolution de la religion et de la religiosité tchèque, le journal a retenu la réaction du « prêtre universitaire » Tomáš Halík, qui mise sur les gens cultivés « qui se posent de sérieuses questions spirituelles et morales ». Il s’est exprimé à ce sujet, aussi, dans une récente émission télévisée:
« Il faut que l’Eglise n’offre pas uniquement les messes, mais aussi des lieux de rencontres, de dialogues, de conférences, de formation, de culture. Tant qu’elle agit comme ça, elle se porte bien. Durant mes vingt années d’activité dans ma paroisse, j’ai pu donner le baptême à près de mille jeunes qui avaient à se préparer pendant deux ans à ce pas important de leur vie. L’intérêt ne cesse d’augmenter et c’est ce qui se passe, aussi, au sein de la communauté étudiante de Brno et ailleurs. Lorsque les prêtres travaillent activement et ouvertement avec les gens, lorsqu’ils répondent à ‘l’air du temps’, l’intérêt est énorme. Dans le cas contraire, l’Eglise se meurt lentement ».
D’après les données statistiques, plus de 60% des Tchèques se déclarent « sans foi ». C’est l’Eglise catholique romaine qui compte le plus de fidèles, soit près de 2,7 millions de personnes, suivie de l’Eglise protestante et de l’Eglise hussite tchécoslovaque… D’un autre côté, on voit apparaître et monter en puissances de nouvelles petites Eglises et augmenter l’intérêt pour les phénomènes paranormaux et occultes.