La lutte des Tchèques pour la libération
"Les légionnaires de la Seconde Guerre, qui ont aujourd'hui tous l'âge autour de 80 ans, ne sont pas immortels, leur nombre diminue, mais leur objectif est de maintenir la tradition. Ils s'appellent légionnaires par tradition, en signe de succession aux légionnaires de la Première Guerre mondiale. Ils s'appellent légionnaires du fait aussi que ceux qui voulaient lutter sur les fronts du deuxième conflit mondial n'avaient aucune autre possibilité que de se faire recruter dans des armées étrangères. Une armée régulière n'existait pas au protectorat de Bohême-Moravie, occupé depuis le 15 mars 1939 par Hitler. Le départ des jeunes Tchèques et Slovaques se faisait au péril de vie. Ils devaient fuir les gardes de frontière allemandes, slovaques, hongroises. Plusieurs d'entre eux ont dû servir pendant des semaines dans la légion étrangère."
Les légionnaires étrangers représentaient l'esprit de résistance de la nation tchèque mise en sourdine. Sur eux s'appuyaient les activités de la direction politique de résistance du Président Benes exilé à Londres. Pendant le second conflit mondial, plus de 50 000 patriotes tchèques et slovaques ont combattu dans l'armée tchécoslovaque à l'étranger. On ignore le nombre exact de Tchèques et Slovaques partis lutter contre les nazis. Certains ont trouvé la mort sur le chemin, à la frontière, dans des goulags soviétiques. Beaucoup ont pris part au mouvement de partisans. Le nombre de volontaires tchécoslovaques dans des unités de partisans en Italie, en Russie, en Slovaquie et dans la résistance française est évalué à 12 000. Un chapitre tout à fait exceptionnel - la participation de pilotes tchécoslovaques aux combats de la Seconde Guerre mondiale. Dès les premiers mois de guerre en France, 146 pilotes tchécoslovaques, soit un quart des effectifs de chasseurs français, sont intervenus aux combats de l'air. Le nombre de pilotes tchécoslovaques en Grande-Bretagne a atteint 2200. 537 d'entre eux ont trouvé la mort au-dessus des eaux de l'Atlantique. Le 21 février 1944, 20 chasseurs tchécoslovaques des escadres RAF (Royal air force) sont partis en URSS pour y former la 128e escadre indépendante de chasse, transformée en 1er régiment de chasse tchécoslovaque, qui allait intervenir, en janvier 1945, aux combats pour la libération d'Ostrava, en Moravie du nord.Les mérites des troupes parachutistes tchécoslovaques étaient eux-aussi exceptionnels. Dans l'armée occidentale, 121 officiers parachutistes ont été spécialement formés pour la lutte au-delà des lignes allemandes, en premier lieu pour des activités de renseignement. Un hommage particulier revient à deux d'entre eux - Kubis et Gabcik, envoyés de Londres à Prague avec la mission d'éliminer le protecteur du Reich, Heydrich. La nation tchèque souffrait énormément par sa présence. Heydrich était installé à Prague dans le but de liquider physiquement la résistance, de germaniser de 40 à 60% de la population, et d'exterminer le reste... Kubis et Gabcik ont fait l'attentat contre Heydrich le 27 mai 1942. Leur acte a, entre autres, contribué à l'annulation des accords de Munich encore durant la guerre.
L'armée tchécoslovaque en Occident a eu un excédent d'officiers. 71 officiers ont servi dans l'armée française. Deux même à bord des navires de guerre français. 120 officiers spécialistes ont servi dans l'armée britannique. L'armée tchécoslovaque en Occident se formait des volontaires qui passaient par la frontière polonaise et, plus tard, après la chute de la Pologne, à travers la Hongrie et les Balkans. Le 1er janvier 1940, la première division tchécoslovaque a été constituée, dont deux régiments ont pris part aux combats de la Marne et de la Loire. Après la chute de la France, les restes de la division se sont déplacés en Grande-Bretagne où ils ont formé une brigade indépendante. Cette formation, renforcée de 700 hommes du régiment antiaérien, a pris part à la défense du port Tobrouk, en Afrique du nord.
Du nombre de 3980 membres, la Communauté des légionnaires compte aujourd'hui 2 162 soldats qui ont lutté pendant le deuxième conflit mondial à l'étranger. Ce que la Communauté regrette le plus, c'est qu'elle avait été effacée par la force de la mémoire de la nation. Les communistes l'ont supprimée, en 1948, et ses activités n'ont été renouvelées qu'en 1991. Elle regrette aussi que la loi sur le dédommagement des soldats étrangers n'ait été adoptée qu'en 2000 et que beaucoup de légionnaires ne sont plus en vie. D'autre part, de nouveaux adhérents arrivent dans la Communauté. Parmi eux, les fils et petits-fils des légionnaires, mais aussi les soldats qui avaient lutté dans la guerre du Golfe et qui participent dans des missions de paix de l'ONU.