La musique slovaque préférée des Tchèques (1ère partie) : Elán et Peter Nagy
« Si kočka, si kočka, si kočka, a perfektne urobená, si krajšia než obloha nočná, než modlitba na kolenách »… Vous ne vous trompez pas, vous n’êtes certes pas branchés sur Radio Slovaquie, mais c’est bien de slovaque, et non pas de tchèque, dont il s’agit là. Plus précisément des paroles du refrain d’une chanson qui fait danser les Tchèques sur les tables et comptoirs des bars et boîtes de nuit. C’est avec la chanson « « Kočka » - littéralement « Chatte » en français, du groupe Elán, une des chansons slovaques préférées des Tchèques, que nous ouvrons une série d’émissions consacrées à la musique slovaque. En cette année 2013 marquée par le vingtième anniversaire de la partition de la Tchécoslovaquie, l’occasion nous est donnée de nous intéresser aux chanteurs et groupes slovaques qui ont rencontré et rencontrent toujours un grand succès en République tchèque. Parce que, après tout, ce qui est slovaque est aussi un peu tchèque…
« Tu es une chatte, et parfaitement roulée, tu es plus belle que le ciel la nuit, qu’une prière à genoux » : telles sont donc les premières paroles de la chanson intitulée « Kočka », une chanson œuvre du groupe Elán, sans doute le groupe slovaque préféré des Tchèques appartenant à la tranche d’âge des 30-50 ans, en tous les cas assurément le groupe slovaque le plus populaire de tous les temps. Précisons quand même que dans le langage familier slovaque et tchèque, le mot « kočka » - « chatte », ne possède pas le même sens imagé (et vulgaire) qu’en français. Il s’agit même plutôt d’un compliment puisqu’il sert à désigner une belle jeune fille.
D’ailleurs, si un jour, par tout hasard, vous vous retrouvez à une heure avancée de la nuit dans un bal ou une boîte de Prague, Ostrava, Bratislava ou Košice, et que se mettent à résonner les premiers accords de « Neviem byť sám » - littéralement « Je ne sais pas être seul », alors c’est que l’heure du slow a sonné, l’heure d’enlacer (enfin, si elle accepte…) une des nombreuses « kočka » immanquablement présentes, qu’elle soit tchèque ou slovaque, et de l’inviter à faire ne serait-ce que quelques pas… Et on ne risque pas beaucoup de se tromper en affirmant que de nombreux couples tchéco-slovaques se sont formés sur l’air de l’un des autres grands succès du groupe Elán.
Preuve de la popularité (immense) d’Elán auprès du public tchèque, au moins 75 000 personnes, sans doute un peu nostalgiques des années 80, avaient assisté, en 2003, au concert donné sur l’esplanade de Letná à Prague. Voici un autre grand succès de la bande formée autour du légendaire Jozef « Jožo » Raž : « Smrtka na pražskom orloji » - « La mort sur l’horloge de Prague », qui fait bien entendu référence à l’horloge astronomique de Prague animée, entre autres, par le squelette de la Mort qui brandit un sablier et tire sur la corde. Heureusement, ce n’est pas le glas que sonne Elán à la fin de sa chanson, puisque le groupe nous invite tous à aller boire une bière, à se ficher de la mort et à croire en la vie - « Pozývam vás všetkých na pivo, kašlem na smrť – verím na život ». Voici son interprétation lors de ce fameux mégaconcert pragois, parce que, quand même, comme le chante aussi Elán, « Nie sme zlí » - « Nous ne sommes pas méchants »…
Mais les années 1980-1990 en Tchécoslovaquie, du côté des Tatras et de Bratislava, pour ce qui est de la pop rock, ce n’est pas seulement Elán. C’est aussi par exemple Peter Nagy, élu « Rossignol d’or » (trophée récompensant le meilleur tchèque) tchécoslovaque en 1985. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le natif de Prešov, dans l’est de la Slovaquie, au nom hongrois, en a lui aussi fait danser des Tchèques, comme avec sa chanson « Láska je tu s vami » - « L’amour est ici avec vous ». Tout un programme, encore une fois…
Peter Nagy et la grande figure d’Elán « Jožo » Raž ont parfois mis leur talent en commun comme dans la chanson « Psi sa brania utokom » pour ce qui, forcément, ne pouvait devenir qu’un hit de plus…
Avant la présentation d’autres chanteurs et groupes slovaques appréciés des Tchèques dans de prochaines émissions, on se quitte avec un dernier succès de Peter Nagy, « Kristínka iba spi » ; une autre de ces nombreuses chansons qui, plus encore que de les écouter, donnent l’envie de sauter dans le premier train pour Bratislava et de passer la nuit (à danser) dans les bras d’une « kočka » tchécoslovaque.