La nouvelle coalition tchèque tancée pour ses ministres non polyglottes
Plusieurs des membres du nouveau gouvernement ne maîtrisent pas l’anglais. C’est un reproche fait régulièrement à tous les récents gouvernements, comme ça peut être le cas en France également. Mais force est de constater que de plus en plus de Tchèques et de leurs représentants politiques sont capables de communiquer dans la langue de Shakespeare.
Le quotidien Hospodářské noviny a dégainé le plus vite entre noël et le jour de l’An en publiant un papier intitulé « Au moins cinq ministres ne peuvent mener une réunion en anglais ».
Dans cet article, la nouvelle ministre de la Défense Jana Černochová (ODS) admettait qu’elle avait selon ses professeurs un niveau d’anglais « équivalent au niveau B1 » et qu’elle s’efforçait « de faire des progrès ».
Son collègue des Finances, Zbyněk Stanjura (ODS), avouait quant à lui qu’il envisageait d’avoir recours à des traducteurs pour « les réunions importantes ».
Ces informations ont été reprises en substance dimanche par The Observer, qui rappelle que celle qui avait précédé M. Stanjura à la tête du ministère des Finances, Alena Schillerová (ANO), avait elle aussi été critiquée et raillée pour son incapacité à répondre en anglais aux journalistes.
Le précédent chef du gouvernement, Andrej Babiš (ANO), né en Slovaquie et polyglotte, a fait figure d’exception ces dernières années en étant capable de prendre la parole en public en anglais, en allemand et en français, même si ses formules du type « Best in covid » lui ont valu davantage de critiques que d’admiration.
Son prédécesseur, Bohuslav Sobotka (CSSD), avait lui aussi été la cible de moqueries à cause de son niveau d’anglais, tout comme le président de la République Milos Zeman, dont la comparaison entre le steak servi à Bruxelles et un chewing-gum lors de son discours au Parlement européen est restée dans les annales.
Il faut noter cependant que les politiciens tchèques des générations précédentes ont rarement eu l’occasion d’apprendre l’anglais lors de leur scolarité sous le régime communiste.
Pour les plus jeunes, l’anglais est très souvent désormais la première langue apprise et le changement est remarquable ces deux dernières décennies, comme l’a constaté notre collègue irlandais de la rédaction anglophone, Ian Willoughby :
« J'ai enseigné l’anglais à Prague dans les années 1990 et travaille comme journaliste depuis 2001, et les progrès des Tchèques en anglais sont énormes. Les jeunes ont désormais un niveau d’anglais phénoménal et les politiciens qui ont fait leurs études après 1989 maîtrisent parfaitement la langue, comme c’est le cas du précédent ministre des Affaires étrangères Jakub Kulhánek (CSSD). Cela va devenir encore plus fréquent dans les dix prochaines années. »
Quant à savoir si certains maîtrisent le gaélique, la nouvelle langue officielle de l’UE depuis la semaine dernière, notre collègue irlandais reste à l’affut…